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dimanche 14 janvier 2018

The age of fire and fury


L’ex-ministre Dominique Bussereau : "les propos tenus par certains porte-parole des Républicains pourraient être ceux du FN"

Dominique Bussereau, ancien ministre, proche de Jean-Pierre Raffarin et d’Alain Juppé, ne renouvellera pas sa carte d’adhérent chez Les Républicains.


"J’ai décidé de prendre de la distance avec la politique partisane." Dominique Bussereau ancien membre du gouvernement sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy annonce au JDD qu'il se met en congé des Républicains en ne renouvelant pas sa carte d'adhérent. Proche d'Alain Juppé et de Jean-Pierre Raffarin, il se distingue de la ligne de Laurent Wauquiez qui a pris la tête du parti début décembre. L'ancien député de la Charente-Maritime dénonce "les propos tenus par certains porte-parole des Républicains" qui "pourraient être ceux du FN". Il expose aussi ses divergences sur l'Europe avec la nouvelle direction du parti.

"J'ai décidé de prendre de la distance avec la politique partisane. Après le séisme de 2017, les partis continuent à faire comme si rien ne s'était passé. Je ne veux pas continuer à jouer la même partition dans l'orchestre du Titanic alors que le naufrage a déjà eu lieu. Je préfère me consacrer à d'autres combats, dans mon département de la Charente-Maritime et en tant que président de l'Assemblée des départements de France.

S'agissant de ma famille politique, nous avions avec Alain Juppé défini nos lignes rouges : aucune porosité avec le Front national, une distanciation avec Sens commun et les idéologies ultraconservatrices, et l'attachement profond, militant, à la construction européenne. Aujourd'hui, je ne peux que constater que les propos tenus par certains porte-parole des Républicains pourraient être ceux du FN. Il y a des cousinages qui me déplaisent. Concernant Sens commun, mes inquiétudes se confirment. L'UMP, c'était la CDU allemande : un mouvement rassemblant les différentes sensibilités de la droite et du centre. Les Républicains sont devenus la CSU, sa branche conservatrice et droitière.

Je ne rejoins aucun parti

Et je ne vois plus d'amour de l'Europe. En revanche, j'entends chez certains, comme Guillaume Peltier, des appels au nationalisme et à se refermer sur nous-mêmes. Mon grand-père a fait Verdun ; mon père était prisonnier en Allemagne. Je me suis engagé pour la construction européenne et j'ai le sentiment que la rupture est déjà faite à LR : il n'y a plus de volonté d'être ardemment européen.

J'ai pris ma décision. Ce n'est pas la même que Xavier Bertrand parce que je fais partie des fondateurs de l'UMP – elle s'appelait l'Union en mouvement (UEM) à l'époque, en 2001. Quand on a construit la maison commune, on n'a pas envie de la déconstruire. Je ne rejoins donc aucun autre parti : ni La ­République en marche ni Agir. Mais je me mets dès ce dimanche en congé des Républicains. Ce congé sera long. Je verrai au ­moment de la campagne des élections européennes, en fonction du choix de ses candidats et des idées qu'ils porteront, si je peux encore voter pour ma famille politique. Sinon, je passerai de la mise en congé au départ définitif.

D'ici là, je ne renouvellerai pas ma carte d'adhérent. Je ne participerai à aucune instance, ni locale ni nationale. Je continuerai à travailler, avec Valérie Pécresse et Libres !, avec Christian Estrosi et la France audacieuse, avec mes amis LR ou UDI, et au sein de l'ADF. Je participerai au débat, mais pas dans le cadre des Républicains. J'en ai parlé avec Jean-Pierre Raffarin. J'appellerai dès aujourd'hui Alain Juppé et Laurent Wauquiez pour les informer de ma décision."