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jeudi 19 octobre 2017

Pénalisation du harcèlement de rue ? De nombreux chercheurs s'y opposent ...

Contre la pénalisation du harcèlement de rue

Publié dans liberation.fr le 26 septembre 2017

Agresser verbalement une femme est interdit dans tout espace public. Pourquoi dès lors viser spécifiquement un lieu fréquenté par des populations socialement et racialement stigmatisées ?

Depuis quelques jours, la question du harcèlement de rue est revenue sur le devant de la scène avec l’annonce de la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, de la préparation, en collaboration avec le ministre de l’Intérieur, d’un projet de verbalisation du harcèlement de rue (1). Quelques jours plus tard, quelques lignes dans Libération expliquaient qu’un groupe de travail allait être chargé de proposer une loi pour faire de ce problème une infraction et donc le pénaliser.

Cette question n’est pas nouvelle. Elle traduit les transformations des mobilisations féministes qui, depuis les années 70, dénoncent le contrôle du corps des femmes exercé par les hommes dans l’espace public, c’est-à-dire dans la rue, mais aussi dans d’autres espaces ouverts au public, les hôpitaux, les universités, les lieux de loisirs ou de travail.

Plus récemment, les revendications contre le «harcèlement de rue», portées sur les réseaux sociaux, ont permis d’interroger la banalité d’actes, de réflexions, voire d’insultes et d’attaques qui agressent les femmes dans la rue. Ces actes ne peuvent s’apparenter à de la simple drague dès lors que l’une des deux parties refuse explicitement ou ne manifeste pas d’intérêt. Ces situations sont autant de manières de limiter l’usage que les femmes peuvent avoir des espaces publics.

Expérimentée en Belgique, la pénalisation du harcèlement de rue est largement inefficace 

On pourrait se réjouir que le droit des femmes à la ville fasse l’objet de l’attention publique. Toutefois, ce projet de pénalisation pose problème. Comme le montrent les difficultés de mise en œuvre de l’arsenal institué en Belgique. Dès 2012, Bruxelles instaurait des sanctions administratives contre le harcèlement de rue et les injures sexistes. Deux ans plus tard, une loi contre le sexisme dans l’espace public était adoptée et s’appliquait au pays. Le dépôt de plainte est très faible puisque, comme pour d’autres atteintes aux corps des femmes, la charge de la preuve continue de leur incomber. Qui plus est, ces nouvelles infractions se superposent à un arsenal législatif déjà existant.

Il suffirait d'appliquer la loi actuelle

De la même façon en France, les insultes, le harcèlement et les atteintes physiques et sexuelles sont déjà considérés comme des infractions. Pourquoi alors créer une infraction spécifique quand il suffirait de former les acteurs de terrain pour les amener à changer leurs pratiques ? Alors que la chaîne pénale a déjà du mal à prendre en compte les crimes de viol et d’agressions sexuelles, mieux vaudrait développer la formation des personnels de police, des juges et des avocats pour expliquer les rouages des violences sexuelles et le continuum existant entre toutes ces formes de violence, dans tous les espaces sociaux.

En même temps on réduit les subventions aux associations féministes

On peut donc légitimement se poser la question de la volonté de pénaliser, alors même que les coupes budgétaires drastiques de ce gouvernement affecteront les associations féministes de promotion des droits des femmes, et notamment celles qui se trouvent au cœur des dispositifs de lutte contre les violences de genre.

Pourquoi une loi ne visant que la rue ?

En insérant la catégorie «harcèlement de rue» dans le domaine pénal, la rue devient précisément la cible renouvelée des politiques publiques. Du même coup, elle vise les populations qui l’occupent, lesquelles appartiennent souvent aux fractions paupérisées et racisées. D’autres terminologies pourraient souligner que le contrôle du corps des femmes ne s’applique pas seulement à la rue, qu’il existe également dans les entreprises, les universités ou les lieux de loisirs, et jusque dans leur foyer.

Ainsi, le problème de cette catégorie et plus encore des projets de verbalisation et de pénalisation est bien de circonscrire une catégorie spécifique d’actes jugés inacceptables - le harcèlement de rue - et une catégorie de personnes - les hommes des classes populaires et racisées - qui sera jugée particulièrement problématique. Or, on sait que les jeunes hommes des classes populaires et racisées subissent déjà, plus que d’autres, le contrôle policier et les violences des forces de l’ordre. On peut donc légitimement craindre que cette nouvelle infraction viendra renforcer cet état de fait.

Verbaliser ou pénaliser le harcèlement de rue ne répondra pas aux différentes formes de contraintes sur le corps et la mobilité des femmes, dans la rue et ailleurs. Constituer une nouvelle infraction ne fera que renforcer la répression et le contrôle des hommes des catégories défavorisées. En tant que féministes et chercheur.e.s sur les violences de genre, nous nous opposons à la pénalisation d’une question liée aux droits des femmes, qui servira à désigner quelles formes de sexisme sont illégitimes, et donc à maintenir dans l’ombre celles qui, commises dans les beaux quartiers et les grandes entreprises, restent légitimes et irrépréhensibles.

Elizabeth Brown Université Panthéon-Sorbonne, Paris-I Natacha Chetcuti-Osorovitz Centrale Supélec et Idhes-ENS, Alice Debauche Université de Strasbourg, Pauline Delage Université Lumière, Lyon-II, Eric Fassin Université de Vincennes-Saint-Denis, Paris-VIII, Claire Hancock Université Paris-Est Créteil, Maryse Jaspard Université Paris-I Panthéon-Sorbonne, Solenne Jouanneau Université de Strasbourg, Hanane Karimi Université de Strasbourg, Amandine Lebugle Ined, Véronique Le Goaziou Lames-CNRS, Marylène Lieber Université de Genève, Marta Roca i Escoda Université de Lausanne, Sylvie Tissot Université de Vincennes-Saint-Denis, Paris-VIII, Mathieu Trachman Ined.

(1) http://www.bfmtv.com/societe/marlene-schiappa-annonce-la-verbalisation-du-harcelement-de-rue-1254290.html

mercredi 18 octobre 2017

Nul ne doit accepter le déferlement de haine raciste dont est victime Danièle Obono !!!





L’hebdomadaire français d’extrême droite Minute a mis une photo de la députée insoumise Danièle Obono à sa « une » avec le titre choquant « Mais qu’on la fasse taire, bordel ! ». Il s’agit du dernier acte d’une campagne lâche et nauséabonde de dénigrement et d’injures menée depuis plusieurs mois à l’encontre de la députée de 37 ans.


Danièle Obono est née au Gabon et y a vécu jusqu’à la préadolescence avant de rejoindre la France, pays dont elle a acquis la nationalité en 2011. Lors des dernières législatives, elle est devenue députée du mouvement La France insoumise. Depuis cette élection qui l’a propulsée sur le devant de la scène politique nationale, elle fait face à des agressions racistes quotidiennes.

D’abord, c’est dans le studio de l’émission « Les Grandes Gueules » sur les ondes de RMC qu’elle a été sommée de prouver son attachement à son pays d’adoption en clamant un « Vive la France ! ». Ses procureurs s’offusquaient qu’elle ait signé, en 2012, aux côtés de nombreuses personnalités françaises (dont Eva Joly, Noël Mamère, Clémentine Autain) que personne n’a songé pourtant à inquiéter, une pétition pour défendre la liberté d’expression parue dans Les Inrockuptibles au sujet d’une chanson de rap intitulée « Nique la France ». Des mois plus tard, c’est son foulard noué en coiffe « à l’africaine » qui a été jugé scandaleux et déshonorant pour le Parlement français. J’élude les accusations sordides lancées par Manuel Valls de liens avec l’islamisme politique et d’accointances avec les courants antisémites et sur le fatras de sottises visant à la discréditer.
Il ne reste qu’à ajouter qu’elle garde des bébés blancs dans son réfrigérateur qu’elle consomme avec du couscous chaque vendredi.
Périmètre identitaire étriqué

« L’Insoumise » est victime d’attaques violentes de journalistes et de citoyens, car elle est une jeune femme noire qui, de surcroît, a décidé de ne pas se taire. Son identité composite est un problème pour de nombreuses personnes qui vivent encore dans le mythe de la France blanche et chrétienne. Leur France au périmètre identitaire étriqué peut faire des concessions aux femmes dans le milieu politique – et encore – si celles-ci ont la bonne couleur de peau. Les pourfendeurs d’Obono ne tolèrent pas qu’on confère une écharpe tricolore ou un maroquin à des « bougnoules », « bamboulas » et autres « nègres ».
Peut-on critiquer Danièle Obono ? Oui. Peut-on s’opposer vigoureusement à ses prises de position ? Oui, quand notamment ici, sur son blog, elle a du mal à exprimer de la compassion vis-à-vis des victimes de Charlie Hebdo. Et aussi lorsqu’elle évoque et dénonce la censure dont serait victime Dieudonné. S’y ajoute, le 1er octobre, sa prise de position sur les conducteurs de bus refusant de prendre la relève d’une collègue femme. Là encore, avant même de répondre aux arguments de Mme Obono qui y voit davantage un problème de discrimination et de sexisme qu’une radicalisation relevant de la loi d’exception sur la lutte contre le terrorisme, Jeannette Bougrab l’affuble, sur le plateau de l’émission « La République » de LCI, du qualificatif d’« idiote utile ». Certes la députée de Paris commet des maladresses et prend des positions discutables sur des sujets clivants. Mais elle mérite qu’on lui oppose des arguments rigoureux, car elle a choisi le combat syndical, associatif et politique de terrain, fait de bagarres, de coups à recevoir et à donner. Et aussi celui des idées.

Mais nul ne doit accepter le déferlement de haine raciste dont elle est victime. On lui reproche, de façon parfois hystérique, d’être une femme noire qui refuse de se taire, de ne pas se vautrer dans la case de ses origines ou de ne pas exprimer au quotidien sa gratitude vis-à-vis du pays qui l’a accueillie et, l’intégrant symboliquement dans sa communauté nationale, lui a donnée sa nationalité. Elle n’est pas dans la célébration vaseuse et candide de cette France universelle qui accueillerait tous les fils de la Terre et leur permettrait de réaliser leurs rêves. Son irrévérence, si précieuse, lui vaut cette campagne infecte.
Couleur de peau et origine

Mais cette cabale odieuse contre Danièle Obono n’est pas inédite. Les femmes politiques noires et arabes en France sont souvent l’objet d’une réelle stigmatisation. Rachida Dati, Christiane Taubira ou encore Najat Vallaud-Belkacem, femmes diplômées et brillantes mais souvent appréhendées selon leur couleur de peau et leur origine, donc haïes pour ce qu’elles sont ; elles ont subi de violentes attaques dont les relents racistes étaient évidents.

Plus récemment, Sibeth Ndiaye est devenue la nouvelle victime de ce que l’essayiste américain Ta-Nehisi Coates appelle « la violence symbolique qu’on inflige au corps noir ». L’éditorialiste de L’Express, Christophe Barbier, allant même jusqu’à assumer qu’une jeune femme noire, malgré et ses diplômes et son statut de fonctionnaire au cabinet du président de la République français, reste une gamine de cité au langage ordurier.
Les détracteurs de Mme Obono ne la pensent digne que de faire la queue devant la CAF ou les Restos du cœur, inspirant le dégoût par ci et la pitié par-là, mais nullement de représenter le peuple français. Or cette France raciste, misogyne et conservatrice devra subir l’image pendant cinq ans d’une femme noire arborant son écharpe tricolore et siégeant au palais Bourbon.

Il y aura d’autres Danièle Obono au Parlement français, dans les ministères et même un jour à l’Elysée, car la marche de l'Histoire est ainsi faite. La France blanche, chrétienne, au risque de terroriser certains petits esprits, est finie. Terminée. L’avenir du monde est le métissage avait prédit un illustre français, qui a siégé dans le même Hémicycle que Danièle Obono aujourd’hui : il s’appelait Léopold Sédar Senghor.

Par Hamidou Anne, lemonde.fr à retrouver ici.

mardi 17 octobre 2017

Journée mondiale du refus de la misère ... En finir avec les clichés sur les pauvres

A l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, mardi 17 octobre, Anne-Aël Durand du journal Le Monde a rassemblé les clichés et idées reçues sur la pauvreté. Ce travail, loin d’être exhaustif de l'avis même de la journaliste, s’inspire notamment du travail accompli par l’association ATD Quart Monde


Idée reçue n° 1 : « Les pauvres profitent du système »

 FAUX 
Les aides sociales sont un mécanisme de solidarité destiné à porter assistance aux personnes en situation de pauvreté, de dépendance ou de handicap… à condition qu’elles atteignent les personnes concernées.
Si des responsables politiques, tel Laurent Wauquiez, dénoncent le « cancer de l’assistanat » ou la fraude aux allocations (qui existe, mais reste limitée, voir idée reçue no 3), la puissance publique s’inquiète plutôt du phénomène inverse : le non-recours aux prestations sociales. Comme le résume un rapport d’information de l’Assemblée nationale, « à quoi bon des organismes de protection sociale s’ils ne parviennent pas à venir en aide à ceux qui en ont besoin ? » Ce non-recours peut être lié à l’ignorance des aides existantes, à la difficulté pour la recevoir (démarches complexes) ou même au choix de ne pas le demander, parfois de crainte d’être stigmatisé.
L’Observatoire des non-recours (Odenore) avait publié en 2011 une étude montrant que 50 % des personnes éligibles au revenu de solidarité active (RSA) ne le touchaient pas. Ce taux atteignait 68 % pour le tarif « première nécessité électricité » d’EDF ; entre 50 % et 70 % pour la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) ; 70 % pour l’aide au paiement d’une complémentaire santé (ACS). Soit plus de 10 milliards d’euros non réclamés.
Une étude plus récente menée dans deux départements français publie des estimations de 36 % de non-recours au RSA, et entre 21 % et 34 % pour la CMU-C.

Idée reçue n° 2 : « Les pauvres sont mieux soignés que les autres grâce à la CMU et à l’AME »

 FAUX 
En 2016, plus d’un quart des assurés sociaux (26,5 %) ont renoncé à se faire soigner, en particulier pour les dents ou les yeux, selon une enquête de l’Observatoire des non-recours (Odenore). Les premières raisons invoquées sont un « reste à charge » trop élevé (ce qu’il reste à payer après la Sécurité sociale) ou l’impossibilité d’avancer les frais. Ces chiffres s’expliquent également par le taux élevé de non-recours à la couverture maladie universelle (CMU, actuellement remplacée par la protection universelle maladie, ou PUMA) ou à l’aide à la complémentaire santé.
L’Assurance-maladie s’inquiète de cette situation, qui dégrade l’état de santé des personnes concernées et pourrait générer à terme des dépenses supplémentaires pour toute la collectivité. L’organisme a même lancé des opérations spécifiques contre le renoncement aux soins.
Quant à l’aide médicale d’Etat (AME), elle est réservée aux étrangers sans papiers, pour un nombre restreint de soins (en particulier vaccin, accouchement, lutte contre le VIH ou la tuberculose). Son coût est régulièrement dénoncé par la droite et l’extrême droite, mais sa suppression risquerait d’augmenter la propagation des affections contagieuses.
Lire aussi :   Idées reçues sur les migrants (3/6) : « Ils viennent en France pour se faire soigner »


Idée reçue n° 3 : « La fraude aux prestations sociales est massive »

 PLUS COMPLIQUÉ 
Les prestations versées sous conditions de revenus peuvent être détournées par de mauvaises déclarations des revenus ou de la situation familiale. L’ensemble des fraudes constatées par la branche famille de la Sécurité sociale (intentionnelles ou non) atteignait 248 millions d’euros en 2015, dont 62 % concernent le RSA et 21 % les aides au logement, selon le Comité national de lutte contre la fraude. Ces montants ne sont pas négligeables, mais restent minimes par rapport aux dépenses globales : 12,9 milliards d’euros versés pour le RSA et 13,2 milliards pour les APL en 2015.
Les chiffres augmentent chaque année, sous l’effet de meilleurs contrôles. La fraude détectée par la Sécurité sociale est ainsi passée de 482 millions d’euros en 2011 à plus d’un milliard d’euros en 2015, dont seulement 60 % pour les prestations.
Ces montants sont toutefois sans commune mesure avec ceux de la fraude fiscale : en 2015, les opérations de la direction générale des finances publiques ont permis de « rectifier » 21,2 milliards d’euros, dont 12,2 milliards ont été encaissés. La cellule mise en place par Bercy pour rapatrier les avoirs des particuliers à l’étranger a permis à elle seule de récupérer 2,85 milliards d’euros. Les fraudes aux taxes douanières ont aussi atteint une somme record de 377 millions d’euros.



Idée reçue n° 4 : « On vit mieux en cumulant le RSA et les allocations qu’en travaillant au smic »

 FAUX 
S’il existe une catégorie inquiétante de travailleurs pauvres qui peinent à joindre les deux bouts, avoir un emploi reste toujours plus avantageux que de toucher les minima sociaux. Le smic net mensuel s’établit à près de 1 150 euros, soit deux fois plus que le montant du RSA pour une personne seule (545 euros).
L’association ATD Quart Monde rappelle que la plupart des prestations sociales (APL, allocations familiales, tarifs sociaux du gaz et de l’électricité) continuent à être versées aux personnes gagnant le smic. Elle a réalisé plusieurs simulations en 2016, avec différentes configurations familiales. Résultat, les écarts de revenus entre travailleurs au smic et bénéficiaires du RSA sont au minimum de 300 euros par mois pour un célibataire et peuvent atteindre près de 700 euros pour un couple avec deux enfants.
Par ailleurs, pour éviter l’effet de seuil, les personnes qui travaillent à temps partiel ou qui gagnent moins de 1,3 smic peuvent voir les revenus de leur travail complétés par la prime d’activité.


Idée reçue n° 5 : « Quand on cherche vraiment du travail, on en trouve »

 FAUX 
Les responsables politiques déplorent régulièrement la quantité d’emplois non pourvus en France : 350 000, selon François Rebsamen en 2014 ; 600 000, selon Jean-Christophe Lagarde en 2017. Sans compter les « 1,7 million d’intentions d’embauche » évoqués en 2015 par Pôle emploi. Qu’attendent donc les chômeurs pour occuper tous ces postes vacants ?
La réalité n’est pas si simple : en premier lieu, les intentions d’embauche sont des déclarations, qui reflètent les aspirations des entreprises mais pas des postes réellement à pourvoir. Quant aux emplois non pourvus, il s’agit de la photographie à un instant donné d’un flux qui agrège des emplois vacants depuis longtemps et d’autres qui sont disponibles seulement quelques jours. Parmi ces emplois, une grande partie peut être retirée ou pourvue en interne. Enfin, les qualifications et la situation géographique ne correspondent pas toujours au profil des demandeurs d’emploi. Toutes ces considérations permettent de relativiser l’idée d’un vivier d’emplois disponibles.
Et dans tous les cas, les chiffres avancés sont loin de répondre au problème structurel du chômage de masse : 3,5 millions de personnes n’ont aucun emploi et plus de 2 millions de salariés exerçaient une activité réduite en France à la fin d’août 2017.


Idée reçue n° 6 : « Les pauvres s’en sortent bien, parce qu’ils paient tout moins cher »

 FAUX 
Si les personnes à faibles ressources peuvent avoir des tarifs réduits sur certaines prestations liées à l’Etat ou aux collectivités (EDF, transport en commun, cantine ou garde d’enfant, entrée dans les musées, etc.), elles paient plus cher que la moyenne pour d’autres biens et services du secteur privé. Le surcoût peut atteindre entre 3 % pour les assurances et 20 % pour les prêts à la consommation, selon une étude du Boston Consulting Group, reprise dans un rapport du Sénat. L’achat en petite quantité fait augmenter les prix unitaires, par exemple dans la téléphonie, où il peut revenir jusqu’à 30 % plus cher d’utiliser des cartes prépayées plutôt qu’un forfait mensuel. Le logement suit également cette logique, puisque les prix au mètre carré sont plus élevés pour les petites surfaces.
Ce paradoxe est qualifié par les chercheurs de « pénalité de pauvreté » ou « double peine de la pauvreté ».

Source lemonde.fr : à retrouver ici.



ATD Quart Monde publie un livre pour tous les citoyens curieux de comprendre les grandes questions qui agitent nos sociétés, au-delà  des apparences et des discours faciles. 
Cette nouvelle version entièrement mise à jour et augmentée permet de démonter point par point une centaine d’idées reçues sur la pauvreté.

EN FINIR AVEC LES IDÉES FAUSSES SUR LES PAUVRES ET LA PAUVRETÉ – 3E ÉDITION (2017) de Claire Hédon, Jean Christophe Sarrot, Marie-France Zimmer

Nombre de pages : 224  |  prix: 5,00€ TTC  |  isbn: 979-10-91178-41-9
Editeur: ÉDITIONS QUART MONDE/ÉDITIONS DE L'ATELIER
Date de parution : 2016



dimanche 15 octobre 2017

Rohingyas : le nettoyage ethnique continue dans l'indifférence !

Des villages brûlés, des femmes violées, des hommes et des enfants assassinés. Ces dernières semaines, le sort réservé aux Rohingyas en Birmanie a ému le monde entier. La communauté internationale n’hésite plus à parler de crimes contre l'humanité. Pour un des experts qui travaille depuis plus de 20 ans pour l'ONG Human Watch il s'agit des pires histoires entendues dans sa vie. 

Attention le reportage d'Envoyé spécial ci-dessous comportent des images choquantes.