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samedi 9 juillet 2016

Décès du Pakistanais Edhi, grande figure de la lutte contre la pauvreté

Photo AAMIR QURESHI. AFP


Abdul Sattar Edhi, figure de la lutte contre la pauvreté au Pakistan, est mort vendredi à l’âge de 92 ans, a annoncé son fils à l’AFP.
L’annonce de la disparition de cet homme révéré pour son dévouement et son humanité, a provoqué une grande émotion dans ce pays.
Le Premier ministre Nawaz Sharif, saluant la mémoire du défunt, a annoncé un jour de deuil et des funérailles d’Etat.
Elles devraient avoir lieu samedi à Karachi.
«Un homme de sa stature mérite le plus grand respect lors de son décès», a-t-il souligné dans un communiqué.
«Si quelqu’un mérite d’être enveloppé dans le drapeau de la nation qu’il a servie, c’est bien lui. J’aurais voulu qu’il bénéficie d’une plus grande reconnaissance lorsqu’il était vivant, mais le moins que nous puissions faire est de commémorer une vie emplie d’empathie et de compassion», a-t-il ajouté.
Le chef de file de l’opposition Imran Khan a pour sa part salué sur Twitter une «âme noble» et s’est dit «véritablement attristé» de son décès.
Edhi était unanimement vénéré au Pakistan pour son dévouement au service des plus pauvres, qui l’avait amené à créer un vaste empire caritatif.
Il avait ouvert dans tout le pays des maternités, morgues, orphelinats, asiles, maisons de retraite, et surtout une flotte de 1.500 ambulances réputée pour son efficacité sur les lieux d’attentats, et devenue le symbole de la Fondation Edhi.
Cet ascète peu éduqué, dont la valeur principale était «l’humanitarisme», avait plusieurs fois été proposé pour le prix Nobel de la paix.
«J’ai beaucoup travaillé. Je suis satisfait de ma vie», déclarait-il à l’AFP en avril dernier, apparaissant déjà très affaibli.


Biographie (wikipédia)

Abdul Sattar Edhi est né le 1er janvier 1928 dans le petit village de Bantva près de Joona Garh dans le Gujrat dans l'ancienne Inde britannique. Son père, Abdul Shakkor, était un agent commercial de Junagarh au nord-Ouest de l'Inde. En 1947 sa famille émigre au Pakistan, comme beaucoup de familles issues de la communauté Memon, après l'indépendance du Pakistan en 1947. Edhi quitte l'école à 16 ans et commence alors à travailler comme colporteur puis devient par la suite commerçant en tissu dans un marché de gros à Karachi. Peu après, il quitte ce travail pour se consacrer aux personne dans le besoin.

En 1965, il se marie à Bilquis, une infirmière qui a travaillé au dispensaire créé par Edhi. Bilquis dirigera par la suite la maternité située à Karachi. C'est également elle qui organise l'adoption de bébés abandonnés accueillis dans cette même maternité. Bilquis et Edhi ont quatre enfants, deux filles et deux fils.

De confession musulmane, Edhi parle de la dignité de l'être humain et de l'humanitarisme qu'il tire du Coran. Il affirme qu'« aucune religion n'est supérieure à l'humanité » et déplore que de nombreuses personnes « oublient la compassion prônée par le Coran ». Doté d'un esprit ouvert et progressiste sur des questions sociales sensibles, il soutient le travail des femmes. Sur les 2000 personnes travaillant pour la fondation Edhi, environ 500 sont des femmes.

Sa fondation accueille n'importe qui, sans distinction de race, de religion ou de culture. L'acteur oscarisé Sean Penn, à la suite d'une visite au centre Edhi à Karachi s'est montré particulièrement impressionné par le travail du pakistanais durant toutes ces années. Edhi doit sa fondation à un travail sans répit, sa femme disant de lui qu'« il n'a jamais pris de vacances ». Son objectif est clair : « Moi, je veux monter un système social si performant qu'il puisse sauver le pays. Je veux faire du Pakistan un modèle de révolution sociale ».

Edhi adhère au style de vie le plus simple et modeste qui soit et ce malgré les sommes d'argent importantes qui transitent entre ses mains. Il vit, avec sa famille, dans un appartement de deux pièces à deux pas du siège social de sa fondation, située à Karachi. Ni Edhi ni sa femme ne perçoit de salaire. Ils vivent sur les titres d'Etat que Edhi a acheté il y a de nombreuses années. Il ne possède que 3 habits traditionnels pakistanais, salwar-kameez.

Malgré une renommée nationale forte, Edhi se veut très proche des personnes qu'il aide. Il ignore l'intimité et son bureau est ouvert à tous tout au long de la journée. Malgré cela, il fuit la publicité de peur de devenir orgueilleux.

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