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jeudi 31 décembre 2015

Ce qui change au 1er janvier 2016 ...

Smic, prime d'activité, prêt à taux zéro, litiges de la consommation, prix du timbre, tarifs des taxis, indemnité kilométrique vélo, gilet de sécurité pour les motards, drones, fin de Pacitel ... 

Retrouvez ci-dessous une première sélection des changements prévus à partir du 1er janvier 2016



Smic

Le salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic) augmente de 0,6 %.

> Service-public.fr - Smic : + 0,6 % au 1er janvier 2016


Prime d'activité

La prime d'activité qui va remplacer le RSA activité et la prime pour l'emploi (PPE) est une aide financière à destination des travailleurs modestes. Elle a pour objectif d'inciter ces travailleurs (salariés ou non salariés) à l'exercice ou à la reprise d'une activité professionnelle tout en soutenant leur pouvoir d'achat.

> Service-public.fr - Prime d'activité : aide financière pour les travailleurs modestes


Plafond de la sécurité sociale

Le plafond de la sécurité sociale est revalorisé de 1,5 % par rapport au plafond 2015.

> Service-public.fr - Plafond de la sécurité sociale 2016 : + 1,5 % au 1er janvier 2016


Taux d'intérêt légal

L'arrêté du 23 décembre 2015 fixe les taux de l'intérêt légal applicables au 1er semestre 2016.

> Service-public.fr - Taux d'intérêt légal


Prêt à taux zéro

Le prêt à taux zéro (PTZ) bénéficiera à un plus grand nombre de ménages avec l'augmentation des plafonds de revenus pris en compte (74 000 € contre 72 000 € auparavant en zone A pour un couple avec deux enfants par exemple).

> Service-public.fr - Vers un élargissement des bénéficiaires du PTZ


Litiges de la consommation : généralisation de la médiation

Une ordonnance d'août 2015 donne la possibilité à tout consommateur de passer par la médiation afin de faciliter le règlement à l'amiable des litiges avec un professionnel (litiges nationaux et litiges transfrontaliers). Un décret publié au Journal officiel en octobre 2015 vient préciser les modalités de mise en place de la médiation des litiges de la consommation, les professionnels ayant jusqu'au 1er janvier 2016 pour se conformer à l'ensemble de ces dispositions.

> Service-public.fr - Litiges de la consommation : généralisation de la médiation


Prix du timbre

Les prix du timbre-poste vont augmenter de 3,6 % en moyenne. Pour les particuliers, le prix du timbre de la lettre prioritaire passera de 0,76 € à 0,80 € et celui de la lettre verte de 0,68 € à 0,70 €.

> Service-public.fr - Timbres : + 3,6 % en moyenne


Tarifs des taxis

En 2016, les tarifs sont plafonnés à :

3,83 € de prise en charge ;
1,05 € (ou 1,06 € pour les taxis parisiens) d'indemnité kilométrique (prix du kilomètre parcouru) ;
35,26 € (ou 35,43 € pour les taxis parisiens) pour le prix maximum horaire concernant la période d'attente (en cas de réservation par le client) ou de marche lente.

> Service-public.fr - Nouveaux tarifs pour les taxis


Mutuelle d'entreprise

Une couverture complémentaire santé collective (mutuelle d'entreprise) doit être proposée par l'employeur à tous les salariés, n'en disposant pas déjà, en complément des garanties de base d'assurance maladie de la Sécurité sociale.

> Service-public.fr - Mutuelle d'entreprise : les obligations de l'employeur


Indemnité kilométrique vélo

Une indemnité kilométrique vélo (IKV) pour les salariés qui pédalent depuis leur domicile pour rejoindre leur lieu de travail est également mise en place.

> Service-public.fr - Indemnité kilométrique vélo


Gilet de sécurité pour les motards

Les motards devront détenir sur eux ou dans un rangement de leur véhicule un gilet de haute visibilité (dénommé communément « gilet jaune » ou « gilet de sécurité »).

> Service-public.fr - Gilet de sécurité (haute visibilité) : obligatoire pour les motards


Drones

Si les drones de loisir sont de plus en plus fréquemment utilisés par les amateurs d'aéromodélisme, qu'en est-il de leurs conditions d'utilisation ? Deux arrêtés publiés au Journal officiel du 24 décembre 2015 viennent de préciser les nouvelles règles qui s'appliquent.

> Service-public.fr - Drones : quelles règles ?


Démarchage téléphonique : fin de Pacitel

Le service Pacitel qui gérait la liste d'opposition au démarchage téléphonique ferme le 1er janvier 2016 (à cette date, il ne sera possible ni de s'inscrire, ni de modifier un compte existant sur le site web de Pacitel).

> Service-public.fr - Démarchage téléphonique : fin de Pacitel


Aide aux anciens travailleurs immigrés

Certains anciens travailleurs immigrés ayant de faibles ressources et vivant seuls en France en résidence sociale ou en foyer de travailleurs migrants pourront bénéficier d'une aide à la réinsertion familiale et sociale dans leur pays d'origine.

> Service-public.fr - Aide aux anciens travailleurs immigrés


Code des relations entre le public et l'administration

Les relations entre le public et l'administration seront régies, à compter du 1er janvier 2016, par un code dont les dispositions sont publiées au Journal officiel du 25 octobre 2015.

> Service-public.fr - Code des relations entre le public et l'administration


12 ou 13 : combien de régions métropolitaines ?

À partir du 1er janvier 2016, la France va compter 12 régions métropolitaines (contre 21 auparavant), la Corse étant une collectivité territoriale à statut particulier.

> 12 ou 13 : combien de régions métropolitaines ?

samedi 26 décembre 2015

Le Plessis-Robinson parmi les villes les plus endettées de France !

Avec 2751 euros de dette par Robinsonnais, Le Plessis-Robinson est onzième au palmarès des villes de plus de 20 000 habitants au plus fort endettement par tête. 


Dans un article du Journal du Net, de toutes les municipalités présentes à ce sombre classement, le Plessis-Robinson est celle qui affiche la plus grosse augmentation de l'encours* total de la dette depuis 2000. La hausse atteint ... 514,3 %, à 79 millions d'euros. La commune des Hauts-de-Seine, administrée par le maire Les Républicains Philippe Pemezec voit l'annuité de sa dette grimper de 15,1% sur un an de 193,4% sur quatorze ans.







Comme le montre le tableau ci-dessous la dette de la commune n'est pas sans effet sur les impôts locaux.


* L'encours de la dette représente la somme que Le Plessis-Robinson doit rembourser aux banques.

jeudi 24 décembre 2015

Quand le gouvernement de Vichy déchut De Gaulle de sa nationalité française ...





Nous, Maréchal de France, chef de l’Etat français,

Sur rapport du garde des sceaux, ministre secrétaire d’Etat à la justice

Vu l’article 1° de la loi du 23 juillet 1940 portant que tout Français qui a quitté le territoire français métropolitain entre le 10 mai et le 30 juin 1940 pour se rendre à l’étranger, sans ordre de mission régulier émanant de l’autorité compétente ou sans motif légitime, sera regardé comme ayant entendu se soustraire aux charges et devoirs qui incombent aux membres de la communauté nationale et, par suite, avoir renoncé à la nationalité française, qu’il sera en conséquence déchu de cette nationalité par décret rendu sur rapport du garde des sceaux, ministre secrétaire d’Etat à la justice, et que cette mesure prendra effet à partir du jour fixé par le décret,

Décrétons :

Art. 1°. – Est déchu de la nationalité française, à dater du 2 août 1940 ;

M. de Gaulle (Charles André Joseph Marie), né le 22 novembre 1890 à Lille (Nord)

Art. 2°. – Le garde des sceaux, ministre secrétaire d'Etat à la justice, est chargé de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel.

Fait à Vichy, le 8 décembre 1940.

PH. PETAIN

dimanche 20 décembre 2015

« Marine Le Pen, comment avez-vous pu avoir l’idée d’utiliser ces images horribles », par Hervé Ghesquière

 Dans une lettre ouverte à la présidente du FN, le journaliste Hervé Ghesquière, ancien otage, fait part de son dégoût après la publication de photos de victimes de l’EI sur Twitter.


Je pensais avoir tout vu, tout entendu de votre part Marine Le Pen. Le mensonge, le cynisme, la manipulation, le fiel, l’intolérance mais cette fois j’avoue que la publication sur votre compte Twitter de trois photos abjectes de victimes de Daech [acronyme arabe pour l’organisation Etat islamique] dépasse ce que je pouvais imaginer de pire de votre part. 
Je suis à la fois révolté et écœuré par cette ignominie. Comment avez-vous pu avoir l’idée d’utiliser ces images horribles diffusées par l’Etat islamique au bénéfice de votre propre propagande ? 
Ma réaction est d’abord celle d’un citoyen outré par tant de bassesse. Elle est aussi celle d’un ancien otage prisonnier des talibans pendant dix-huit mois en 2010 et 2011. Je songe à ma famille qui aurait pu découvrir ma photo sur Internet prise pendant ma captivité. Quel effroi ! 
Je pense aujourd’hui aux proches, aux parents du journaliste américain James Foley assassiné par des barbares après vingt et un mois de captivité et au choc qu’ils ont subi lorsqu’ils ont appris l’utilisation à des fins politiques de l’image de leur fils supplicié. 
Je me souviens avoir rencontré Diane Foley, la mère du reporter, au printemps 2014. Cette femme digne et courageuse était venue à Paris lorsque James vivait encore. Elle se sentait très seule aux Etats Unis face à son calvaire et voulait comprendre comment fonctionnait un comité de soutien, en l’occurrence celui de quatre otages français qui se trouvaient eux aussi aux mains de Daech, Didier François, Nicolas Hénin, Edouard Elias et Pierre Torres. J’ai admiré le combat qu’elle menait avec son mari pour tenter de convaincre le président Barack Obama d’entamer des négociations afin de faire libérer son fils, hélas sans succès. 
L’un se nourrit de l’autre 
Avez-vous pensé Madame Le Pen à cette femme, à cette mère qui ne se remettra jamais de la perte de son enfant ? Vous êtes-vous mise une seconde à sa place au moment de diffuser la photo du corps de James Foley ? 
En politique, vous estimez certainement que tous les coups sont permis. La provocation est une arme que vous utilisez sans cesse. L’héritage paternel sans doute. Votre tactique est de faire parler de vous, en bien ou en mal, à chaque instant. L’essentiel est de saturer l’espace médiatique. 
Après avoir provoqué la polémique, vous jouez à merveille le rôle de l’offensée. Vous contre-attaquez en affirmant avoir été blessée par un journaliste qui selon vous a comparé le Front national et Daech. Puis vous daignez enfin retirer la photo de James Foley à la demande expresse de ses parents. Mais vous laissez deux clichés montrant la mise à mort atroce de deux hommes. Vous craignez peut-être d’être traînée en justice aux Etats-Unis alors que pour les autres martyrs, vous vous moquez bien de voir leurs familles un jour s’offusquer de votre indécence. 
L’Etat islamique se sert en France du Front national qui prône la division, la suspicion envers les musulmans, les étrangers et classe les citoyens en catégorie. Et le Front national utilise la monstruosité de Daech pour attiser la peur. Finalement, l’un se nourrit de l’autre. L’utilisation de ces photos est une abomination, une atteinte à la dignité humaine et une insulte à toutes les victimes du terrorisme. 
Votre terreau Marine Le Pen est la misère du monde, votre moteur la haine des autres. Jusqu’à la nausée.

Hervé Ghesquière est grand reporter et ancien otage.

Lettre à retrouver sur le site lemonde.fr 

mardi 1 décembre 2015

De l'importance des contes pour enfants ...

Une paëlla a été volée jeudi dans un supermarché de Nantes. Les voleurs ont été interpellés par la police grâce aux grains de riz semés pendant leur fuite.



La lecture du Petit Poucet leur aurait évité des ennuis avec la justice. Trois Nantais, qui avaient volé une paëlla dans un supermarché, ont été retrouvés grâce aux grains de riz semés dans leur fuite, rapporte Ouest France. 

Les faits remontent à jeudi soir. À 20h30, une employée d'un supermarché du boulevard du Général-Buat voit un homme quitter le magasin en courant. A son bras, un plat de 8 kilos de paëlla, d'une valeur de 150 euros. L'homme, accompagné de deux amis, disparaît dans la nuit.
Placés en garde à vue

Des policiers se mettent alors à la recherche des malfaiteurs. Au cours de leurs patrouille, ils trouvent des grains de riz devant l'entrée d'un immeuble. Ils n'ont plus qu'à suivre ces aliments égarés avant de se retrouver... Devant le paillasson d'un appartement.

Une fois à l'intérieur, les policiers retrouvent le plat espagnol. Interpellés en état d'ébriété, les trois voleurs présumés ont été placés en garde à vue pour "vol en réunion".

lundi 23 novembre 2015

Yves Marre : Au Bangladesh, "des hôpitaux flottants équipés de blocs opératoires"

Le navigateur solidaire Yves Marre était l'invité de Caroline Roux lundi matin pour parler des trois hôpitaux flottants qu'il a créés afin de venir en aide à la population au Bangladesh.



L'écrivain Erik Orsenna dit de lui qu'il est "plus humain que la plupart des êtres humains". Le navigateur Yves Marre est aussi probablement plus entreprenant. En 1994, il s'est lancé un défi fou : convoyer une péniche par rivières et par mers, de la Seine jusqu'au Bangladesh, pour installer un hôpital flottant sur le fleuve Brahmapoutre. Invité d'Europe 1 lundi matin, l'aventurier, ancien steward d'Air France, est revenu sur ce projet, qui a mis sept ans à voir le jour et fait l'objet d'un livre, "Navigateur solidaire" (Isabelle Le Goff Editions, 2014).

Il était une fois une belle idée folle.
Il était une fois un homme assez fou pour concevoir cette belle idée folle. Et assez sage pour, contre vents et marées, donner réalité à cette belle idée folle.Il était une fois Yves Marre, navigarteur et steward d'Air France. A quarante-quatre ans, il décide de changer sa vie pour la mettre au service des autres ...
Il était une fois un être humain plus humain que la plupart des être humains qu'il m'a été donné de rencontrer sur cette Terre.

Erik Orsenna

Un million de personnes soignées. Pays parmi les plus pauvres du monde, le Bangladesh manque de toutes les infrastructures médicales. "Il y a vingt ans, on comptait à peu près un médecin pour 15.000 ou 16.000 personnes" dans cette région, explique Yves Marre, qui a jeté l'ancre parmi les multitudes d'îles qui se forment sur le Brahmapoutre. Avec son ONG Friendship, fondée en 1998, il a pu installer trois hôpitaux flottants. Chacun "a été équipé de deux salles d'opérations, dont une de microchirurgie, confie le navigateur. Cela permet de faire des opérations de cataracte, des reconstructions après des brûlures ou de soigner des enfants avec des pieds bots". Au total, plus d'un million de patients ont bénéficié de soins dans ces blocs opératoires sur l'eau. Certains ont pu être transportés sur des catamarans faisant office d'ambulances flottantes.

Une société de sauvetage pour les pêcheurs. Et les projets d'Yves Marre ne s'arrêtent pas là. Le navigateur compte désormais "créer une société de sauvetage en mer, ce qui n'existe pas encore là-bas". Et serait pourtant nécessaire, tant les risques d'accident sont importants. Quelque 400.000 embarcations circulent en effet en permanence dans le golf du Bengale, dont de nombreux bateaux de pêche de mauvaise qualité qui menacent de sombrer par gros temps.


 
 

samedi 14 novembre 2015

Attentats de Paris ...




Vendredi 13 novembre 2015, Paris 
Sidération, horreur, tristesse, colère ...
Toutes nos pensées vont aux victimes et à leurs proches

vendredi 13 novembre 2015

Football : Johan Cruyff, le dictateur de légende

Une biographie exhaustive sur la légende du foot mondial vient de sortir. Son auteur, Chérif Ghemmour, journaliste sportif nous dit tout sur ce personnage fascinant.


 Johan Cruyff, génie pop et despote, Hugo Sport, 17,50 euros


" Je ne pense pas qu'un jour, les gens ne sauront pas de qui il est question lorsqu'ils entendront le nom de Cruyff... " Bien vu, Johan ! En 2015, Cruyff, c'est le souvenir éternel d'un numéro 14 mythique, des fulgurances supersoniques d'un stratège génial, du charisme pop seventies les cheveux au vent, de la tornade rouge et blanche du grand Ajax trois fois Champion d'Europe 1971-72-73, de la Hollande orange inoubliable en Coupe du monde 74, de l'entraîneur révolutionnaire de la Dream Team barcelonaise 1992 et de tous ses disciples reconnus passés à leur tour sur un banc (Pep Guardiola, Michael Laudrup, Frank de Boer, etc.).
Il côtoie Pelé et Maradona au sein de la glorieuse trinité des plus grands footballeurs de l'histoire, mais n'a pourtant jamais gagné la Coupe du monde. Ses débuts en 1964 à 17 ans annoncent les Temps Nouveaux d'un jeu moderne, rapide et inspiré, qu'on appellera " Football Total ". Johan Cruyff incarne aussi dans les sixties toute l'effronterie rebelle de ses alter ego anglais Mick Jagger, Keith Richards, John Lennon et Paul McCartney (Johan est resté un fan absolu des Beatles). Johan ressuscitera aussi plusieurs fois après sa mort symbolique de footballeur en 1984. En devenant d'abord un entraîneur de génie à l'Ajax et au Barça puis en figurant comme père spirituel de Pep Guardiola, maître technicien du grand Barça de Messi.
Mais Cruyff, c'est aussi Johan 1er, despote césarien imposant sur et en dehors du terrain son imperium écrasant, à savoir ses idées et ses intérêts personnels. Cassant, dominateur, manipulateur, égocentrique, colérique, âpre au gain, rancunier : sa personnalité ultra conflictuelle et impitoyable nourrira pour le meilleur et pour le pire une carrière exceptionnelle, une existence bigger than life. Et le vieux lion mord encore ! Johan Cruyff est une nostalgie-foot à part, profonde et durable, car transcendée par un une grâce inaltérable : le style...

 
 
Stéphane Alliès (Médiapart) avec Cherif Ghemmour, un des fondateurs du magazine So Foot



Football's Greatest - Johan Cruyff

lundi 9 novembre 2015

Une Chercheuse Palestinienne répond à l’ambassadeur d’Israël

 

Samar Batrawi est chercheuse à l’université King’s College de Londres. Récemment, elle a produit des articles ayant trait notamment aux mouvements et groupes violents opérant en Syrie et en Irak. Intéressée par ses recherches sur l’Etat Islamique, l’ambassade d’Israël à Londres l’a invitée cette semaine pour une « discussion ». Voici sa réponse :


 « J’aimerais dire sans équivoque et de la manière la plus claire que je rejette toute association ou coopération avec l’ambassade d’Israël à Londres, pour deux raisons.

D’abord, je suis la petite fille de Mahmoud et Fatima Batrawi, aujourd’hui décédés, deux Palestiniens d’Isdud, qui ont été déplacés de force quand l’état que vous représentez a été créé. Ils sont tous les deux enterrés dans un cimetière en Cisjordanie, surplombé par les colonies illégales de Psagot, cautionnées par le gouvernement de l’état que vous représentez. Ma famille est l’une des nombreuses familles palestiniennes qui ont survécu envers et contre tout, en continuant à contribuer à la société dans laquelle ils vivent. Ils sont médecins, enseignants, avocats, journalistes, écrivains ou universitaires. C’est grâce à ces êtres humains exceptionnels que j’ai pu résister, moi une Palestinienne ayant vécu la brutale occupation de la Cisjordanie pendant la seconde Intifada.

Vous êtes, comme l’une de vos compatriotes les plus conscientes a pu le dire, « leurs occupants, leurs bourreaux, leurs geôliers, leurs voleurs de terre et d’eau, ceux qui les exilent, qui détruisent leurs maisons, ceux qui bloquent leur horizon ». C’est sous l’occupation de l’état d’Israël que mon père est forcé de vivre, chaque jour. C’est le siège de Gaza par Israël que la moitié de ma famille a enduré pendant trop longtemps. C’est la gouvernance criminelle d’Israël qui a séparé ma famille en deux pendant plus d’une dizaine d’années. C’est « le droit à la défense » d’Israël qui perturbe mon sommeil chaque nuit, quand je redoute de me réveiller en apprenant la triste nouvelle d’avoir perdu mes êtres chers, « dommages collatéraux » dans l’une de vos opérations soigneusement orchestrées. C’est l’odeur des gaz lancés par les « forces de défense » israéliennes que je sens dans mes cauchemars, un souvenir d’enfance partagé par plusieurs générations de Palestiniens.

Ensuite, l’article que j’ai écrit à propos de l’Etat Islamique et sa façon de s’approprier la question palestinienne n’impliquait d’aucune manière que ce soit un intérêt commun entre les Israéliens et les Palestiniens, comme tous ceux qui ont attentivement lu l’article l’auront compris. Vous représentez l’occupant et je représente l’occupé. Ce n’est pas une position politique mais simplement la réalité de ma vie. Une réalité que m’impose l’état d’Israël. Il n’y a aucun intérêt commun qui peut émerger de cette réalité factuelle. La seule chose à discuter est la question des droits humains les plus basiques des Palestiniens vivant sous occupation et en exil. Et l’état que vous représentez n’a clairement pas d’intérêt pour cette question.

Pour finir, deux commentaires :

Que représente pour vous la date du 3 novembre ? Ce jour où précisément, il y a 59 ans, les forces israéliennes ont massacré des centaines de Palestiniens à Khan Younis. Ma grand-mère était une jeune maman à l’époque, mon père n’avait que quelques mois. Elle l’a gardé sur ses genoux, en le cachant sous sa robe, terrifiée à l’idée que les forces israéliennes pourraient le trouver et le lui arracher. Entre 275 et 415 personnes sont mortes ce jour-là, mais ma famille a survécu pour raconter l’histoire. Voilà ce que représente le 3 novembre pour moi.

En tant que citoyenne palestinienne et porteuse d’une carte d’identité cisjordanienne, je n’ai pas le droit de poser le pied en Israël sans obtenir un permis de le faire. Pour cette raison, je contemple avec amusement l’idée que l’ambassade d’Israël souhaite m’inviter pour une rencontre, car même si je vous prenais au mot sur cette offre, je craindrais d’être battue et enfermée par vos gardes pour cause d’infiltration.

Je trouve honteux que vous vous adressiez à moi dans de telles circonstances. Il est probable que j’aie à supporter les exigences de votre état pour encore de nombreuses années, mais ceci est l’une des rares et belles occasions où je peux dire à mon occupant, à mon bourreau, à mon geôlier, au voleur de ma terre, à celui qui m’exile, au démolisseur de ma maison, à celui qui bloque mon horizon : Non.

Sincèrement,

Samar Batrawi

jeudi 5 novembre 2015

Pour l'indépendance de l'information soutenons Médiapart !




Construisons l'indépendance de Médiapart !

Mediapart lance une campagne exceptionnelle de soutien pour réagir au mauvais coup qui nous est porté par le fisc. Au terme d’une sanction absurde et injuste, Mediapart se voit mis en demeure de payer la somme globale de 4,1 millions d’euros !

 L’administration fiscale a en effet décidé de nous appliquer un taux de TVA discriminatoire pour la presse digitale, de 19,6% puis de 20% sur la période de 2008 à 2014, alors que ce taux est de 2,1% pour la presse imprimée. Cette distorsion de concurrence pénalise l’ensemble de la presse numérique indépendante et menace le développement de notre journal.

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lundi 2 novembre 2015

Un 2 novembre 1815 naissait un certain George Boole ...

Ce mathématicien est entré dans l'histoire pour avoir été à l'origine du langage binaire, utilisé encore aujourd'hui dans l'informatique


George Boole le père de la logique moderne

Le jeune George Boole naît dans une famille pauvre le 2 novembre 1815, dans le nord de l’Angleterre. Son destin semble scellé d’avance: pas d’argent, pas d’études.

Mais George Boole n’est pas un garçon comme les autres. Doté de capacités intellectuelles largement au-dessus de la moyenne, le jeune homme va devenir un des plus brillants autodidactes que le royaume ait connu. A 16 ans, il parle ainsi cinq langues, ayant appris presque seul le latin, le français, l’italien et l’allemand. Au même âge, George Boole décroche un poste d’enseignant à la Heigham’s School de Doncaster, un record.


George Boole, mathématicien autodidacte

C’est en 1833 que George Boole va se plonger seul dans l’étude des mathématiques, dévorant les ouvrages de Newton, Lacroix et Lagrange. L’année d’après, il fonde sa propre école à Lincoln à l’âge de 19 ans.

Il publie sa première étude en 1839, ce qui lui vaut d’être adoubé par le cercle élitiste des algébristes britanniques. George Boole reçoit même, en 1844, la prestigieuse médaille de la Royal Society pour ses travaux sur la théorie des équations différentielles.


George Boole, père de l'algèbre moderne

Mais George Boole n’entame qu’en 1847 ce qui deviendra son œuvre majeure, la fameuse algèbre de Boole. En 1854, il publie Les Lois de la pensée, un ouvrage à mi-chemin entre mathématiques et philosophie, qui entend "dévoiler les lois ultimes des opérations de l’entendement". Il y détaille les fondements d’une nouvelle approche algébrique de la logique faite de 0 et de 1 où les opérateurs "x" et "+" disparaissent au profit des conjonctions ET et OU. 

Les travaux de George Boole ouvriront la voie à la théorie des probabilités, aux circuits de télécommunications et, bien des années plus tard, à l’informatique moderne. Un cratère lunaire a même été baptisé en l’honneur de George Boole. Aujourd'hui Google célèbre aujourd'hui l'anniversaire de sa naissance par un doodle.



Georges Boole décède d'une pneumonie le 8 décembre 1864. Il a contracté cette maladie après avoir marché deux heures sous la pluie pour se rendre au Queen's College et avoir enseigné les vêtements trempés.

Biographie de George Boole


Quelques applications de l'algèbre de Boole ...

La logique des prédicats


La théorie des ensembles



Les circuits électriques


Le binaire 

L'électronique numérique


Les signaux numériques


Les aléas technologiques


vendredi 30 octobre 2015

Marche de la dignité et contre le racisme

Dix ans après les émeutes de 2005, un collectif de femmes organise ce samedi à Paris une "Marche de la dignité" afin de dénoncer le "racisme d'Etat" et les violences policières.





En 2005, la mort dans un transformateur électrique de Clichy Sous-Bois de Zyed Benna et Bouna Traoré suivie par un traitement médiatique mensonger de ce drame (ces deux adolescents avaient été décrits à tort comme délinquants) avait enflammé les quartiers populaires pendant près de trois semaines.

Trois décennies plus tard, les organisateurs de la marche déplorent que "en plus des conditions sociales toujours plus déplorables, le harcèlement des populations des quartiers, leur humiliation, constituent le quotidien pour les Noirs, les Arabes, les Rroms et les Blancs des quartiers".



mercredi 28 octobre 2015

"Adama", de l’Afrique aux champs de bataille de la Grande Guerre

A voir absolument, Adama est l’un des quatre films français en compétition cette année au Festival international du film d’animation d’Annecy, et le premier long métrage de son jeune réalisateur Simon Rouby.



L’histoire d’Adama, un petit garçon africain qui décide de quitter son village pour partir en Europe à la recherche de son grand frère. Nous sommes en 1916 et la guerre fait rage de l’autre côté de la Méditerranée.





La bande annonce



La réaction d'anciens soldats des colonies à 
ce film qui fait écho à leur propre histoire.

lundi 26 octobre 2015

LA PLACE DE LA RÉSISTANCE NE DOIT PAS DISPARAITRE DE NOTRE PATRIMOINE LOCAL

Ce samedi 24 octobre, plus de 200 personnes ont répondu présent à l'appel du rassemblement unitaire contre le changement de nom de la Place de la Résistance. 

A cette occasion M. Henri Wilkowski secrétaire local de la FNDIRP a pris la parole pour nous retracer l'histoire de la Place de la Résistance et nous expliquer l'importance de sa préservation.

C'est avec son aimable autorisation que nous mettons en ligne ce discours. 

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A l'heure où l'entraide et la tolérance faiblissent, il est plus important que jamais de rappeler et faire écho des valeurs humaines qui ont habité jusqu'au bout les Résistants français lors de la seconde guerre mondiale.

Ces combattants qui ont lutté par des missions de renseignement, de sabotage ou des opérations militaires contre les troupes allemandes et les forces du régime de Vichy.


Ces combattants qui ont développé une presse clandestine, diffusé des tracts, des faux papiers, organisé des grèves et des manifestations, sauvé des Juifs traqués, des prisonniers de guerre évadés, des réfractaires au service du STO.


Ce rassemblement est l'occasion de rappeler à ceux qui tendent à l'oublier le rôle crucial joué par la Résistance française dans la libération de notre pays du joug des armées nazies. Notre  devoir de mémoire est de reconnaître les services rendus par les combattants de la Liberté depuis l'Armistice du 22 Juin 1940 à la Libération en 1944.


Cette année où nous célébrons le 75 ème anniversaire de l'Appel du Général de Gaulle appelant à la Résistance, c'est un bien triste message que vous adressez aux jeunes.


Cette place créée à la Libération rappelle aux habitants de notre ville le courage d'hommes et de femmes du Plessis-Robinson qui se sont soulevés contre l'occupant nazi et sont tombés sous leurs balles ou sont morts en déportation. Les rues de notre ville portent leurs noms*.


Créée en 1945, notre Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes s'efforce de porter haut et fort cette mémoire de la Résistance. Comment Monsieur le Maire comment mesdames et messieurs de la majorité allez vous faire partager aux collégiens, aux lycéens au Conseil municipal des jeunes futurs citoyens de notre ville, aux jeunes du club Mémoire et à notre population ce travail de mémoire quand vous effacez de notre ville par un simple vote l'histoire glorieuse de leurs anciens.


Nous sommes dans cette ville parmi les derniers survivants des Résistants et Déportés de l'époque la plus tragique de l'histoire de France.


Nous sommes issus de toutes les composantes de la Résistance qui voici 70 ans se sont unies au nom d'une certaine idée de la France, pour la liberté au délà de tous les clivages politiques.


Nous n'oublions pas le long cortège d'ombre de nos camarades qui, eux, ont alors fait le sacrifice de leur vie pour sauver la vôtre, Monsieur le Maire et la nôtre. Nous portons leur mémoire.


Stupéfaction, indignation, colère, tristesse voilà ce  que provoque en nous votre décision d'effacer la Place de la Résistance.


Notre association, porteuse de la Mémoire de toutes les victimes du régime hitlérien vous fait part de  l'indignation des témoins survivants et des familles victimes de la barbarie nazie.


LA PLACE DE LA RÉSISTANCE NE DOIT PAS disparaître DE NOTRE PATRIMOINE LOCAL


Henri Wilkowski

ex-président national et aujourd'hui secrétaire local de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP)


Capitaine Chalvidan, tombé en embuscade le 22 août 1944, Lucien Arrufat, fusillé le 2 juin 1944 au Mont Valérien, Amédée Usseglio (du groupe Manouchian) fusillé au Mont Valérien le 21 février 1944, Raymond Croland, déporté à Buchenwald et mort le 9 avril 1945, Alexandre Schimmel, fusillé le 23 février 1944, Joseph Lahuec, tué le 22 août 1944, Fernand Fenzy, fusillé le 21 mars 1942 au Mont Valérien, Bernard Iské, fusillé à Lubine le 4 septembre 1944, Robert Duffour, fusillé le 22 juin 1944, Eugène Moulinet, fusillé le 21 août 1944, Victor Vernadat, fusillé le 22 août 1944, Capitaine Facq, déporté au camp du Struthof en 1944, Jean-Marie Kerling, abattu par les Allemands le 19 août 1944.

lundi 19 octobre 2015

De nombreuses associations contre le changement de nom de la place de la Résistance !

La décision de renommer la place de la Résistance en place Charles Pasqua (ici) choque bien au-delà des Robinsonnais. Les principales associations de résistants, rejointes par différents partis politiques et syndicats appellent à un rassemblement républicain Samedi prochain afin de défendre la mémoire des résistants et de la Résistance.




vendredi 16 octobre 2015

Commémoration du cinquante-quatrième anniversaire du massacre d’octobre 1961

Demain samedi 17 octobre 2015 on commémore (à 17H30 au Pont Saint-Michel à Paris), le cinquante-quatrième anniversaire du massacre d’octobre 1961


Le livre de l'historien Emmanuel Blanchard, "La police parisienne et les Algériens (1944-1962)" paru en 2011 permet à travers une étude précise et détaillée sur la police parisienne de réfuter à propos de ce qu'on peut qualifier de massacre, les thèses d’un gouvernement politique qui aurait été dépassé, ou celle d’une simple « crise » au sein de la police.
On apprend qu'en réalité à l’automne 1961, le préfet Maurice Papon obtient du gouvernement un véritable « chèque en blanc » pour démanteler le FLN et mener une bataille qui débouchera sur la perpétuation de ce crime colonial au cœur de Paris, le massacre du 17 octobre 1961.

La police parisienne et les Algériens (1944-1962)

Le « problème nord-africain » : c'est ainsi que la police parisienne a pris pour habitude de qualifier après-guerre la question des Algériens installés en région parisienne. Théoriquement égaux en droit avec les autres citoyens français, ils étaient cantonnés à certains emplois et quartiers, en butte à une forte emprise policière et objets de nombreux fantasmes touchant à leurs pratiques sexuelles ou délinquantes.
De 1925 à 1945, les Algériens ont été « suivis » par une équipe spécialisée, la Brigade nord-africaine de la préfecture de police. Celle-ci dissoute, les « indigènes » devenus « Français musulmans d’Algérie » sont désormais l’affaire de tous les personnels de police. Au début des années 1950, l’émeute algérienne devient un sujet de préoccupation majeur, exacerbé par la répression féroce de la manifestation du 14 juillet 1953, place de la Nation. Une nouvelle police spécialisée est alors reconstituée avec la Brigade des agressions et violences. Ses objectifs : pénétrer les « milieux nord-africains » et ficher les Algériens.
Entre 1958 et 1962, dans le contexte de la guerre ouverte en Algérie, le répertoire policier se radicalise : il faut désormais « éliminer les indésirables ». C’est l’organisation de rafles, de camps d’internement et de retours forcés. Les brutalités policières deviennent fréquentes, jusqu’à la torture. Le préfet de police Maurice Papon reçoit un « chèque en blanc » pour combattre le FLN. Les massacres d’octobre 1961 incarnent le moment le plus tragique de cette période noire. Les mécanismes en sont éclairés par une étude historique rigoureuse fondée sur des archives et des témoignages inédits.


Éditeur Nouveau Monde éditions
450 pages


Emmanuel Blanchard
est maître de conférences en science politique à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, chercheur au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP, CNRS-ministère de la Justice-UVSQ). Ses recherches portent sur les polices en situation coloniale et sur la socio-histoire des politiques d’immigration.




Sur le 17 octobre 1961 ...



17 octobre 1961 : archéologie d’un silence avant-propos

par Isabelle Saint-Saëns 15/09/2000

Le 17 octobre 61, la Fédération de France du FLN appelle les Algériens de la région parisienne à manifester pacifiquement contre le couvre-feu instauré le 5 octobre par le préfet de police, Maurice Papon. 30.000 manifestants face à 7000 policiers, 12.000 arrestations, 3 morts selon le bilan officiel, plus de 300 selon le FLN. Plusieurs dizaines selon les rapports demandés par le gouvernement à la fin des années 90 : les missions Mandelkern (98) et Géronimi (99), ayant eu accès aux documents officiels, n’ont pu que constater qu’un nombre très important en avait disparu.

Le gouvernement gaulliste mène une stratégie d’étouffement. C’est par le silence que Papon répond aux questions de Claude Bourdet à la séance du Conseil de Paris du 27 octobre 61. Roger Frey, ministre de l’intérieur et futur président du Conseil Constitutionnel, rejette une demande de commission d’enquête parlementaire, au motif que des informations judiciaires (toutes clôturées par des ordonnances de non-lieu) sont en cours. Les témoignages rassemblés par les éditions Maspero sont saisis chez le brocheur, avant le dépôt légal : ces livres n’existent tout simplement pas. Vérité-Liberté, Les Temps Modernes et Partisans sont saisis. Les projections d’Octobre à Paris de Jacques Panijel sont interdites ; un film réalisé par la Radio-Télévision Belge est déprogrammé, les pellicules disparaissent. La presse communiste (Libération et L’Humanité) fait état des violences policières, mais renonce à publier in extenso des témoignages, pour éviter la saisie. Le Monde et Le Figaro s’indignent des « violences à froid sur les manifestants arrêtés », mais « comprennent les brutalités policières à chaud ».

Quelques mois plus tard, le 8 février 62, neuf morts au métro Charonne lors d’une manifestation contre les attentats de l’OAS. Français ni musulmans ni d’Algérie, pour la plupart communistes et syndiqués, ils seront enterrés par près d’un demi-million de personnes. Sans doute auraient-ils été qualifiés d’« innocents » par ce Monsieur Barre qui eut Papon comme ministre du budget. Seul le représentant de la CFTC évoquera à l’enterrement les morts anonymes d’octobre.

Pendant deux décennies ce sont les témoins, directs ou indirects, qui insisteront : Pierre Vidal-Naquet en 72 (La torture dans la République), Georges Mattei, membre des réseaux de soutien au FLN, l’un des rares Français auxquels la Fédération de France du FLN avait demandé d’être présents sur le parcours de la manifestation, qui réalise (avec Jean-Louis Péninou) un dossier dans Libération (le 17 octobre 80 puis le 17 octobre 81). Au milieu des années 80, avec l’échec de l’intégration à la SOS-Racisme, les jeunes issus de l’immigration questionnent leurs parents : s’en fait l’écho le dialogue entre Mohamed Hocine, fondateur du Comité contre la double peine, et son père, filmé dans Douce France, la saga du mouvement beur. En 91, de jeunes militants (Anne Tristan, Agnès Denis, Mehdi Lallaoui et le collectif Au nom de la mémoire) écrivent un livre puis réalisent un film, Le silence du fleuve. La même année paraît le premier ouvrage historique, La bataille de Paris de Jean-Luc Einaudi : n’étant pas historien « professionnel » il lui faudra attendre 99 pour obtenir l’accès à certaines archives. Sur la décolonisation sous la IVe république, on attend les documents historiques d’envergure : combien d’universités françaises possèdent une chaire d’histoire de la colonisation et de la décolonisation ?

Les massacres d’octobre 61, comme ceux de l’ère coloniale récente (de Sétif et Madagascar à Ouvéa), sont des crimes qui ne sont pas nommés, pas plus que ne le sont leurs victimes, ceux que l’on désigne sous le sigle FMA (« Français Musulmans d’Algérie ») ou plus couramment comme crouilles, ratons, melons, bicots, parqués dans les bidonvilles ou dans des quartiers intra-muros quadrillés en permanence.
Depuis le début de cette guerre sans nom maquillée en « pacification » et « opérations de maintien de l’ordre », les gouvernements successifs (de la SFIO de Mollet et Mitterrand aux gaullistes) entretiennent le racisme policier, militaire et civil. Ratonnades, tortures, noyades, fusillades, pendaisons : ce qui se passe en cette fin d’octobre 61 se produit en Algérie et en métropole depuis 54. « Le 17 est un moment, un moment seulement, dans un temps où nous étions toujours niés » disent les Algériens interrogés trente ans plus tard par Anne Tristan.
En Algérie, c’est le quotidien. Un état de droit en France cohabite avec un état d’exception dans les colonies, qui s’applique aussi en métropole à ces « citoyens de l’Union » qui sont moins citoyens que les autres ; et ce consensus républicain a besoin pour fonctionner de désigner un objet de peur et de rejet : « Consentir, dit Jacques Rancière, c’est d’abord sentir ensemble ce qu’on ne peut pas sentir ». [...]

La suite sur le site de Vacarme ici

jeudi 15 octobre 2015

MediaPorte : « Une belle connerie »

Cette semaine, Didier Porte rend hommage à un grand oublié de la semaine passée : le sénateur LR Roger Karoutchi.


mercredi 14 octobre 2015

Pyramide de la richesse globale


Les 1% les plus riches possèdent aujourd'hui 50,4% de la fortune totale

 71% des adultes au monde, détiennent seulement 3% de la richesse totale



« Les inégalités ont dépassé le point où cela nous aide pour devenir riches et constituent désormais une sérieuse menace. Je suis préoccupé de voir un monde dans lequel les riches ont le pouvoir d’écrire les règles que le reste d’entre nous doit suivre »  Agnus Deaton  prix Nobel d'économie 2015

mardi 13 octobre 2015

Les journalistes Emmie Rates et Ryan Hair évoquent la chemise lowcost du DRH d'Air France

Dans une parodie de journal télévisé, le syndicat CGT décrit les violences comme «un petit bizutage improvisé» et rappelle son intention de poursuivre le bras de fer



jeudi 8 octobre 2015

“Je n’aime pas les Arabes. Alors fais gaffe à toi, hein !”

On aurait pu légitimement penser à une nouvelle charge raciste de Philippe Pemezec (souvenez-vous ici) mais non ! Il s'agit cette fois d'un patron qui filmé en caméra caché lance à l'un de ses salariés :

    « Moi, depuis qu’un patron s’est fait trancher la gorge, j’en ai jusque-là ! (…) J’ai envie… de prendre un Arabe et de crac !, et de le mettre en haut de mon bâtiment. » Puis : « T’as de la chance, poursuit le patron, enragé. Je n’aime pas les Arabes. Je n’aime pas les Arabes. Alors fais gaffe à toi, hein ! »



Cette scène hallucinante est à retrouver ce soir dans l'émission Complément d'enquête (France 2). Ce document montre notamment comment la parole raciste s'est libérée chez certains employeurs. Autre information rapportée par l'émission, en France un Français de confession musulmane a quatre fois moins de chances d'être retenu pour un entretien d'embauche.

lundi 5 octobre 2015

Qui a dit : "Le patronat n'a pas besoin ... " ?

A l'heure du conflit social qui touche Air France il est intéressant de relire un discours tenu devant la représentation nationale qui bien que centenaire n'a en rien perdu de sa pertinence :
« Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! Quelques hommes se rassemblent, à huis clos, dans la sécurité, dans l’intimité d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans violence, sans gestes désordonnés, sans éclats de voix, comme des diplomates causant autour du tapis vert, ils décident que le salaire raisonnable sera refusé aux ouvriers ; ils décident que les ouvriers qui continuent la lutte seront exclus, seront chassés, seront désignés par des marques imperceptibles, mais connues des autres patrons, à l’universelle vindicte patronale. [...] Ainsi, tandis que l’acte de violence de l’ouvrier apparaît toujours, est toujours défini, toujours aisément frappé, la responsabilité profonde et meurtrière des grands patrons, des grands capitalistes, elle se dérobe, elle s’évanouit dans une sorte d’obscurité. »

Jean Jaurès, discours devant la Chambre des députés, séance du 19 juin 1906


 

dimanche 4 octobre 2015

Les ficelles malhonnêtes d'Alain Finkielkraut révélées par le politologue Thomas Guénolé

Thomas Guénolé, en un peu plus de trois minutes, s'est appliqué sur le plateau de ONPC à démonter la rhétorique délirante du sophiste Alain Finkielkraut, rompu à l'art des fausses évidences, des préjugés érudits, des mots chocs et des choix caricaturaux. C'est clair, net et vraiment bien dit.



Thomas Guénolé est politologue (PhD Sciences Po CEVIPOF) et enseignant (Sciences Po, HEC). Essayiste, il a notamment publié un Petit guide du mensonge en politique (First, 2014). Il a créé en 2015 le Prix annuel du menteur en politique, décerné par un jury de journalistes. Cofondateur de VOX POLITICA, cabinet de conseil en communication politique, il tient sur RMC la chronique quotidienne "Guénolé, du concret". 

Il vient de publier Les jeunes de banlieue mangent-ils les enfants ?, livre dédié à Zyed Benna et Bouna Traoré, adolescents dont la mort en fuyant un contrôle de police fut le déclencheur des émeutes de 2005 dans les banlieues françaises.

Édité par Le Bord de l'eau (15/09/2015)
213 pages, 17 euros

En 4ème de couverture 

Le "jeune-de-banlieue", c'est l'ogre des temps modernes. 
Arabe mal rasé de 13-30 ans vêtu d'un survêtement à capuche, il se promène avec un cocktail Molotov dans une main et un couteau à cran d'arrêt dans l'autre. Il fume du shit dans les cages d'ascenseur. Il brûle des voitures. Il gagne sa vie grâce à des trafics et en fraudant les allocations sociales. Sa sexualité consiste à violer les filles en bande dans des caves ; sa spiritualité, à écouter les prêches djihadistes de l'"islam-des-banlieues", dans des caves également. Il hait la France, l'ordre, et bien sûr, il déteste les Français (comprendre : "les Blancs"). Il aime le djihad et l'islamisme. Son rêve : partir en Syrie se battre aux côtés d'Al Qaïda ou de Daech, pour ensuite revenir en France commettre des attentats. Il ne serait donc pas étonnant que les parents disent bientôt à leurs enfants : "Si tu n'es pas sage, le jeune-de-banlieue viendra te chercher." La réalité est moins spectaculaire. Les jeunes de banlieue sont plus d'1 million : 98 % ne sont ni délinquants ni dans des bandes. L'ascenseur social étant à l'arrêt depuis longtemps, seule une minorité arrive à s'en sortir. Une minorité plus marginale vit de trafics. Une minorité plus marginale encore sombre dans l'intégrisme religieux. Mais pour l'écrasante majorité, la réalité, c'est une galère de jeune pauvre urbain qui vivote entre le chômage, la "débrouille" et les emplois précaires. Thomas Guénolé nous décrit sans concession la balianophobie : ce mélange de peur et de haine envers le monstrueux "jeune-de-banlieue" inonde nos classes moyennes, nos médias, notre cinéma, nos élites. Sur l'insécurité, les bandes, l'islam, la sexualité, l'argot des banlieues, il remplace méthodiquement les clichés par la réalité. Il nous décrit ensuite la vie des 98 % : les vrais jeunes de banlieue, ceux dont on ne nous parle jamais.