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samedi 23 août 2014

Les sénateurs demandent de restreindre l'usage des PPP

Un nouveau rapport, du Sénat cette fois, pointe les dangers des PPP. Ceux-ci entraînent un quasi- doublement des charges et préemptent les capacités budgétaires publiques sur des années. À défaut de les supprimer, les sénateurs demandent d’en limiter l’usage.

Les partenariats public-privé (PPP) sont dangereux pour les finances publiques


De la Cour des comptes à l’Inspection générale des finances (IGF), le constat finit par faire l’unanimité : les partenariats public-privé (PPP) sont dangereux pour les finances publiques. Le rapport de la commission des lois du Sénat, présenté le 16 juillet par les sénateurs Jean-Pierre Sueur (PS) et Hugues Portelli (UMP), ne fait pas exception à la règle. Il pointe à son tour les dangers de ces contrats qui se sont multipliés ces dernières années et, à l'avenir, appelle à un  encadrement beaucoup plus strict de leur utilisation.

Implanté en France il y a tout juste dix ans, le PPP ne devait être utilisé que de façon exceptionnelle, compte tenu de son caractère dérogatoire (toutes les législations liées à la commande publique, aux marchés publics, au contrôle des finances publiques, à la concurrence, au financement de la vie politique sont mises entre parenthèses dans le cadre d’un PPP). Le Conseil constitutionnel avait d’ailleurs soigneusement veillé à encadrer son utilisation.

Les PPP se sont généralisés, au détriment de toutes les autres formes de contrat public


Trop, du goût de Nicolas Sarkozy. À peine arrivé à l’Élysée, ce dernier a décidé de promouvoir son usage et de libérer les PPP de « toutes les entraves qui gênaient son développement », afin de relancer la croissance. Une législation très compréhensive a donc été mise en place. Résultat ? Les PPP se sont généralisés, au détriment de toutes les autres formes de contrat public, avec le soutien de la mission d’appui des partenariats  public-privé (MAPPP), faisant « œuvre de prosélytisme », dénoncent les sénateurs. Utilisés pour les universités, les prisons, les hôpitaux, les ministères, ces contrats sont devenus une vraie technique de hors bilan pour les instances publiques, permettant de cacher et de transférer à plus tard le paiement de la dette. Tout ceci a un coût, souvent caché, insistent les sénateurs. S’appuyant sur des études de différents projets, ceux-ci estiment que ces contrats conduisent à « un quasi-doublement des charges à payer sur le long terme par rapport au montant de l’investissement équivalent qui serait réalisé en maîtrise d’ouvrage publique ».

Les sommes affolent : 200 millions de loyer pour le futur Pentagone à la française destiné à abriter le ministère de la défense, plus de 100 millions pour le futur Palais de justice de Paris. En 2012, l’Inspectiongénérale des finances avait été chargée d’évaluer l’impact des PPP sur les finances publiques. Son rapport n’a jamais été rendu public. « Pierre Moscovici a accepté de nous le transmettre le dernier jour de ses fonctions ministérielles. Nous lui avions demandé il y a plus d’un an », brocardèrent Jean-Pierre Sueur et Hugues Portelli.

Le coût des PPP pour les collectivités locales n’a jusqu’à présent jamais été estimé


Le peu d’empressement de l’ancien ministre des finances semble être à la lumière du rapport : ce dernier mène semble-t-il une attaque au vitriol contre les PPP. Selon les calculs de l’Inspection, les loyers des PPP signés par l’État jusqu’en septembre 2012 représenteraient une charge annuelle imposée de 1,2 milliard d’euros. Le coût des PPP pour les collectivités locales n’a jusqu’à présent jamais été estimé.

L’inspection générale des finances s’inquiétait aussi des contraintes imposées « sur plusieurs décennies sur les budgets des administrations publiques, en augmentant les dépenses dites rigides », selon les termes repris par les sénateurs. Dans un rapport de 2010 sur l’administration pénitentiaire, la Cour des comptes s’alarmait aussi des contraintes imposées par le recours aux PPP pour la construction de nouvelles prisons. « La part des dépenses incompressibles n’a cessé de croître ces dernières années : elle représente désormais 50 % du budget contre à peine 34 % il y a trois ans. Cette augmentation est due à l’importance prise par les crédits destinés à la gestion déléguée ainsi que pour les loyers versés pour les PPP », notait-elle.

À quoi faut-il s’attendre demain ? Les sénateurs se demandent si nous ne sommes pas en présence de bombes à retardement budgétaires.

Alors que la Grande-Bretagne, qui avait été la première à imposer ce modèle et à l’exporter, revient en arrière, les sénateurs jugent qu’il est grand temps de reprendre en main ce dispositif, qui est en train d’échapper à tout contrôle. Mettant à profit la transposition d’une directive européenne sur la commande publique, ils entendent imposer un très net durcissement de la législation sur les PPP, ceux-ci devant redevenir un contrat d’exception. Le projet de loi devrait être discuté dans les prochains mois, mais ils ont déjà établi une liste de recommandations.

Ils souhaitent d’abord supprimer toutes les facilités qui avaient été introduites dans la loi en 2008, pour revenir à une législation très stricte et très précise sur le recours aux PPP. L’urgence, par exemple, qui est l'un des critères retenus permettant d’avoir recours à un PPP, ne pouvant être synonyme d’élections à venir et de projet à inaugurer en campagne, comme cela est devenu le cas. Certains secteurs, comme l’hôpital, devraient aussi selon eux être exclus du champ des PPP.

Ils demandent par ailleurs une restriction du rôle de la MAPPP, celle-ci ne devant plus être un organe de propagande en faveur des partenariats, mais seulement être chargée de l’évaluation. Une mission qui devait être largement partagée et diffusée au sein de l’administration, les sénateurs regrettant la perte de compétence, d’expertise et de contrôle du public dans tous ces domaines.

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Les évaluations prévues dans la loi pour autoriser le recours à ce type de contrat devraient, selon la commission des lois du Sénat, être profondément modifiées. Les sénateurs demandent à ce qu’une estimation complète du coût total du projet, du financement, des ressources disponibles, des charges imposées, sur parfois 20 ou 30 ans, soit clairement exposée, afin qu’il n’y ait plus de sous-estimation dans les projets.

Enfin, ils suggèrent que l’accès à la commande publique soit mieux garanti pour les prestataires. Les architectes, selon eux, ne devraient plus être inclus dans un contrat de partenariat. Les projets architecturaux devraient être choisis au préalable, dans le cadre des procédures habituelles. De même, les contrats de partenariat devraient prévoir une part minimale réservée aux PME, exclues de fait jusqu’à présent.

Pour l’instant, le gouvernement n’a pas dit ses intentions. En 2004, Michel Sapin avait été l'un des députés les plus en pointe contre les PPP. Il avait mené la bataille jusqu’au Conseil constitutionnel. Il est aujourd'hui ministre des finances. On ne l’entend plus sur le sujet.

A écouter en podcast ici.

PAR MARTINE ORANGE
ARTICLE PUBLIÉ DANS MEDIAPART LE JEUDI 17 JUILLET 2014
www.mediapart.fr


Voir ou revoir l'émission Pièces à conviction sur les PPP  :


vendredi 22 août 2014

Mixité sociale dites-vous Monsieur le maire ?

Monsieur le maire, combien de familles françaises d'origine étrangère ont dû faute de proposition de relogement, se résoudre à quitter le Plessis-Robinson pour Fontenay aux Roses, Chatenay Malabry ou encore Bagneux ?

Comment ces familles française relogées dans les barres hlm de ces communes ne se sentiraient-elles pas exclues, ghettoisées ?

Encore aujourd'hui et au Plessis-Robinson,
  • Quid de ces familles prioritaires, souvent à plusieurs titres (handicap, sur-occupation, ancienneté, ...) qui attendent un relogement depuis 7, 8 voire 9 ans ? 
  • Quid du numéro unique garant du dépôt de la demande et de son ancienneté que vos services refusent de prendre en compte ?
Est-ce ainsi que vous entendez la mixité sociale ?
Que vous inspire la définition qu'en donne ici le sociologue Thomas Kirszbaum ?



Thomas Kirszbaum, 48 ans, est sociologue, chercheur associé à l’Institut des sciences sociales du politique (ENS-Cachan, CNRS UMR 7220).
Il est spécialiste des politiques de la ville, de rénovation urbaine et de l’anti-discrimination qu’il étudie notamment dans une dimension comparée avec les États-Unis.
Il a récemment publié Rénovation urbaine, les leçons américaines (Puf, 2009) et Mixité sociale dans l’habitat, revue de la littérature dans une perspective comparative (La Documentation française, 2008).

lundi 18 août 2014

Ferguson :"Ne tirez-pas, les Noirs sont aussi des hommes"

Photo Joshua Lott. Getty Images. AFP

Plusieurs centaines de manifestants ont à nouveau manifesté à Ferguson pour protester contre la mort du jeune Michael Brown, tué par la police dans des conditions troubles.



mercredi 13 août 2014

GuerniGaza

26 avril 1937  Guernica, 8 juillet 2014 Gaza ou le massacre des innocents


Le lundi 26 avril 1937, pendant un jour de marché, la petite ville basque de Guernica est bombardée par des avions allemands et italiens.

C'est la première fois dans l'Histoire moderne qu'une population urbaine est sciemment massacrée. Ce massacre a été voulu par Hitler, allié du général Franco dans la guerre civile espagnole, pour terroriser la population civile.

L'horreur du 26 avril 1937 qui a donné naissance à l'une des œuvres les plus célèbres du peintre Pablo Picasso s'est reproduite en 2008, 2012 et en 2014 à Gaza cette fois-ci.

GUERNIGAZA

GUERNICA


2008 : L'OPÉRATION  « PLOMB DURCI »

Les trois semaines de bombardements et de combats ont fait côté palestinien près de 1 400 morts, dont environ 300 enfants et des centaines de civils non armés, y compris plus de 115 femmes et quelque 85 hommes âgés de plus de cinquante ans.
Selon le ministère de la santé palestinien, l'opération a fait plus de 5 000 blessés dans la bande de Gaza.

Côté israélien, les tirs de roquettes palestiniennes ont tué trois civils israéliens et blessé une centaine. Six soldats israéliens ont été tués lors des attaques menées par les groupes armés palestiniens.

2012 : L'OPÉRATION « PILIER DE DÉFENSE »

L'opération « Pilier de défense » a causé la mort de 177 personnes dans la bande de Gaza en une semaine, dont au moins 26 enfants. On dénombre plus de 1 200 blessés palestiniens. Côté israélien, deux soldats et quatre civils sont morts. Les autorités palestiniennes estiment les dommages infligés par l'Etat hébreu à 1,2 milliard de dollars. Le siège du gouvernement du Hamas à Gaza a été rasé, 200 maisons sont complètement détruites et 8 000 endommagées.

2014 : L'OPÉRATION « BORDURE PROTECTRICE »

L'opération « Bordure protectrice » a causé la mort de 1975 Palestiniens dont 459 enfants et 239 femmes. On compte plus de 8000 blessés et 218 000 Palestiniens déplacés.
Côté israélien, 64 soldats et 3 civils ont trouvé la mort.
Bilan OCHA détaillé ici.

Sources : Amnesty International, OCHA

mardi 12 août 2014

Israël l'éternel dissident international

 

 

Les résolutions de l’Onu non respectées par Israël



Résolution 181 (29 novembre 1947). Adoption du plan de partage : la Palestine est divisée en deux Etats indépendants, l’un arabe, l’autre juif, et Jérusalem est placée sous administration des Nations unies.

Résolution 194 (11 décembre 1948). Les réfugiés qui le souhaitent doivent pouvoir « rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et vivre en paix avec leurs voisins »  ; les autres doivent être indemnisés de leurs biens « à titre de compensation ». Création de la commission de conciliation des Nations unies pour la Palestine.

Résolution 302 (8 décembre 1949). Création de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).

Résolution 236 (11 juin 1967). Au lendemain de la guerre de juin 1967, le Conseil de sécurité exige un cessez-le-feu et un arrêt immédiat de toutes les activités militaires dans le conflit opposant l’Egypte, la Jordanie et la Syrie à Israël.

Résolution 237 (14 juin 1967). Le Conseil de sécurité demande à Israël d’assurer « la sûreté, le bien-être et la sécurité des habitants des zones où des opérations militaires ont eu lieu » et de faciliter le retour des réfugiés.

Résolution 242 (22 novembre 1967). Le Conseil de sécurité condamne l’« acquisition de territoire par la guerre » et demande le « retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés ». Il affirme « l’inviolabilité territoriale et l’indépendance politique » de chaque Etat de la région.

Résolution 250 (27 avril 1968). Israël est invité à ne pas organiser le défilé militaire prévu à Jérusalem le 2 mai 1968 considérant que cela aggraverait les « tensions dans la région ».

Résolution 251 (2 mai 1968). Le Conseil de sécurité déplore la tenue du défilé militaire de Jérusalem « au mépris » de la résolution 250.

Résolution 252 (21 mai 1968). Le Conseil de sécurité déclare « non valides » les mesures prises par Israël, y compris l’« expropriation de terres et de biens immobiliers », qui visent à « modifier le statut de Jérusalem », et demande à celui-ci de s’abstenir de prendre de telles mesures.

Résolution 267 (3 juillet 1969). Le Conseil de sécurité censure « toutes les mesures prises [par Israël] pour modifier le statut de Jérusalem ».

Résolution 340 (25 octobre 1973). A la suite de la guerre de Ramadan ou de Kippour, création de la deuxième Force d’urgence des Nations unies (FUNU-II) qui vise à « superviser le cessez-le-feu entre les forces égyptiennes et israéliennes » et à assurer le « redéploiement » de ces mêmes forces.

Résolution 446 (22 mars 1979). Le Conseil de sécurité exige l’arrêt des « pratiques israéliennes visant à établir des colonies de peuplement dans les territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés depuis 1967 », déclare que ces pratiques « n’ont aucune validité en droit » et demande à Israël de respecter la convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre.

Résolution 468 (8 mai 1980). Le Conseil de sécurité déclare « illégales » les expulsions à l’étranger de notables palestiniens de Hébron et de Halhoul par les autorités militaires israéliennes et demande à Israël de les annuler.

Résolution 592 (8 décembre 1986). Le Conseil de sécurité rappelle que la convention de Genève relative à la protection des civils en temps de guerre « est applicable aux territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés par Israël depuis 1967 ». Il condamne « l’armée israélienne qui, ayant ouvert le feu, a tué ou blessé des étudiants » de l’université Bir Zeit.

Résolution 605 (22 décembre 1987). Après le déclenchement de la première Intifada, le Conseil de sécurité condamne les pratiques d’Israël « qui violent les droits de l’homme du peuple palestinien dans les territoires occupés, en particulier le fait que l’armée israélienne a ouvert le feu, tuant ou blessant des civils palestiniens ».

Résolution 607 (5 janvier 1988). Israël doit « s’abstenir d’expulser des civils palestiniens des territoires occupés » et respecter les obligations que lui impose la convention de Genève.

Résolution 608 (14 janvier 1988). Le Conseil de sécurité demande à Israël « d’annuler l’ordre d’expulsion des civils palestiniens et d’assurer le retour immédiat et en toute sécurité » de tous ceux déjà expulsés.

Résolution 636 (6 juillet 1989). Le Conseil de sécurité demande à Israël, en conformité avec ses précédentes résolutions et avec la convention de Genève, de « cesser immédiatement d’expulser d’autres civils palestiniens » et d’assurer le retour en toute sécurité de ceux déjà expulsés.

Résolution 641 (30 août 1989). Le Conseil de sécurité « déplore qu’Israël, puissance occupante, continue d’expulser des civils palestiniens » et lui demande d’assurer le retour de tous les expulsés.

Résolution 672 (12 octobre 1990). Après les violences de l’esplanade des Mosquées - le mont du Temple, le Conseil de sécurité condamne « les actes de violence commis par les forces de sécurité israéliennes » à Al-Haram Al-Charif et dans d’autres lieux saints de Jérusalem et demande à Israël de « s’acquitter scrupuleusement des obligations juridiques et des responsabilités qui lui incombent » vis-à-vis des civils des territoires occupés.

Résolution 673 (24 octobre 1990). Le Conseil de sécurité condamne le refus d’Israël d’appliquer la résolution 672.

Résolution 681 (20 décembre 1990). Israël est sommé d’appliquer la convention de Genève.

Résolution 694 (24 mai 1991). Le Conseil de sécurité déclare que l’expulsion de quatre nouveaux civils palestiniens en mai 1991 par les forces israéliennes constitue une violation de la convention de Genève.

Résolution 799 (18 décembre 1992). Le Conseil de sécurité condamne les quatre cents expulsions de décembre 1992, soulignant qu’elle est contraire aux obligations internationales imposées à Israël par la convention de Genève. Le Conseil réaffirme l’indépendance et l’intégrité territoriale du Liban.

Résolution 904 (18 mars 1994). A la suite du massacre de la mosquée de Hébron, le Conseil de sécurité demande à Israël de prendre les mesures nécessaires « afin de prévenir des actes de violence illégaux de la part des colons israéliens » envers les civils palestiniens.

Résolution 1322 (7 octobre 2000). A la suite du début de la seconde Intifada, le Conseil de sécurité déplore les violences et condamne le « recours à la force excessif contre les Palestiniens ». Il demande à Israël de respecter ses obligations relatives à la convention de Genève.

Résolution 1397 (12 mars 2002). Le Conseil de sécurité demande la « cessation immédiate de tous les actes de violence, y compris tous les actes de terreur et toutes provocations, incitations et destructions », et réclame la coopération des Israéliens et des Palestiniens visant à la reprise des négociations.

Résolution 1402 (30 mars 2002). Après la réoccupation totale de la Cisjordanie, le Conseil de sécurité demande un cessez-le-feu immédiat et le « retrait des troupes israéliennes des villes palestiniennes ».

Résolution 1405 (19 avril 2002). Le Conseil de sécurité déclare qu’« il est urgent que les organismes médicaux et humanitaires aient accès à la population civile palestinienne ».

Résolution 1435 (24 septembre 2002). Le Conseil de sécurité exige « le retrait rapide des forces d’occupation israéliennes des villes palestiniennes ». Il demande à l’Autorité palestinienne de « faire traduire en justice les auteurs d’actes terroristes ».

Résolution 1515 (19 novembre 2003). Le Conseil de sécurité se déclare « attaché à la vision d’une région dans laquelle deux Etats, Israël et la Palestine, vivent côte à côte, à l’intérieur de frontières sûres et reconnues », et demande en conséquence aux parties en conflit de s’acquitter des obligations relatives à la « feuille de route » du Quartet.

Résolution 1544 (19 mai 2004). Le Conseil de sécurité demande qu’Israël respecte « les obligations que lui impose le droit humanitaire international » et « l’obligation qui lui est faite de ne pas se livrer aux destructions d’habitations ».

Résolution 1850 (16 décembre 2008). Le Conseil de sécurité soutient le processus d’Annapolis, et demande aux parties de « s’abstenir de toute mesure suceptible d’entamer la confiance » et de ne pas « remettre en cause l’issue des négociations ».

Résolution 1860 (8 janvier 2009). Après l’incursion de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, le Conseil de sécurité exige « l’instauration immédiate d’un cessez-le-feu durable et pleinement respecté menant au retrait total des forces israéliennes de la bande de Gaza ». Il demande de ne pas entraver l’entrée des organisations médicales dans Gaza et d’empêcher le trafic illégal d’armes.

mardi 5 août 2014

Palestine : « M. Hollande, vous êtes comptable d'une certaine idée de la France…»

Au nom d’ « une certaine idée de la France », Rony Brauman, Régis Debray, Edgar Morin et Christiane Hessel interpellent François Hollande sur l’impunité internationale dont bénéficie l’Etat d’Israël.

Rony Brauman est ancien président de Médecins sans frontières (MSF) ; Régis Debray philosophe et écrivain ; Edgar Morin sociologue et philosophe ; Christiane Hessel, veuve de Stéphane, a publié en 2011 Gaza, j’écris ton nom chez Indigène Editions. 



« Quand la violence crée une spirale incontrôlée et la mort de 300 civils innocents, la situation exige une réponse urgente et déterminée », viennent d’indiquer à bon escient le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, au moment d’élever au niveau 3 les sanctions économiques contre la Russie.

On ne sache pas que M. Poutine, où l’un de ses subordonnés, ait donné l’ordre de faire sauter en vol le Boeing 777 de la Malaysia Airlines. Mais il y a déjà cinq fois plus de civils innocents massacrés à Gaza, ceux-là soigneusement ciblés et sur l’ordre direct d'un gouvernement. Les sanctions de l’Union européenne contre Israël restent au niveau zéro. L’annexion de la Crimée russophone déclenche indignation et sanctions. Celle de la Jérusalem arabophone nous laisserait impavides ? Peut-on à la fois condamner M. Poutine et absoudre M. Nétanyahou ? Encore deux poids deux mesures ?

Nous avons condamné les conflits interarabes et intermusulmans qui ensanglantent et décomposent le Moyen-Orient. Ils font plus de victimes locales que la répression israélienne. Mais la particularité de l’affaire israélo-palestinienne est qu’elle concerne et touche à l'identité des millions d'Arabes et musulmans, des millions de chrétiens et Occidentaux, des millions de juifs dispersés dans le monde.

Ce conflit apparemment local est de portée mondiale et de ce fait a déjà suscité ses métastases dans le monde musulman, le monde juif, le monde occidental. Il a réveillé et amplifié anti-judaïsme, anti-arabisme, anti-christianisme (les croisés) et répandu des incendies de haine dans tous les continents.

Nous avons eu l’occasion de nous rendre à Gaza, où il existe un Institut culturel français ; et les SOS que nous recevons de nos amis sur place, qui voient les leurs mourir dans une terrible solitude, nous bouleversent. N’ayant guère d'accointances avec les actuels présidents du Conseil et de la Commission européens, ce n’est pas vers ces éminentes et sagaces personnalités que nous nous tournons mais vers vous, François Hollande, pour qui nous avons voté et qui ne nous êtes pas inconnu. C’est de vous que nous sommes en droit d'attendre une réponse urgente et déterminée face à ce carnage, comme à la systématisation des punitions collectives en Cisjordanie même.

Les appels pieux ne suffisent pas plus que les renvois dos à dos qui masquent la terrible disproportion de forces entre colonisateurs et colonisés depuis quarante-sept ans. L'écrivain et dissident russe Alexandre Soljenitsyne (1918-2008) demandait aux dirigeants soviétiques une seule chose : « Ne mentez pas. » Quand on ne peut résister à la force, on doit au moins résister au mensonge. Ne vous et ne nous mentez pas, monsieur le Président.

On doit toujours regretter la mort de militaires en opération, mais quand les victimes sont des civils, femmes et enfants sans défense qui n'ont plus d'eau à boire, non pas des occupants mais des occupés, et non des envahisseurs mais des envahis, il ne s'agit plus d’implorer mais de sommer au respect du droit international.

La France est bien placée pour initier un mouvement des grands pays européens pour la suspension de l’accord d'association entre Israël et l’UE, accord conditionné au respect de nos valeurs communes et des accords de paix souscrits par le passé. De même pourrait-elle faire valoir qu’un cessez-le-feu qui déboucherait sur un retour au statu quo ante, lui-même déjà intolérable, ne ferait que contribuer au pourrissement de la situation et donc au retour de l’insécurité pour les uns comme pour les autres.

L’enfermement complet n'est ni viable ni humain. Pourquoi la police européenne ne pourrait-elle revenir sur tous les points de passage entre Gaza et l'extérieur, comme c’était le cas avant 2007 ?

Nous n’oublions pas les chrétiens expulsés d'Irak et les civils assiégés d’Alep. Mais à notre connaissance, vous n’avez jamais chanté La Vie en rose en trinquant avec l’autocrate de Damas ou avec le calife de Mossoul comme on vous l’a vu faire sur nos écrans avec le premier ministre israélien au cours d’un repas familial.

L’extrême droite israélienne vous semblant moins répréhensible que l’extrême droite française, à quelque chose cette inconséquence pourrait être bonne : faciliter les échanges et les pressions au nom de valeurs communes.

Israël se veut défenseur d'un Occident ex-persécuteur de juifs, dont il est un héritier pour le meilleur et pour le pire. Il se dit défenseur de la démocratie, qu’il réserve pleinement aux seuls juifs, et se prétend ennemi du racisme tout en se rapprochant d’un apartheid pour les Arabes.

L’école stoïcienne recommandait de distinguer, parmi les événements du monde, entre les choses qui dépendent de nous et celles qui ne dépendent pas de nous. On ne peut guère agir sur les accidents d’avion et les séismes – et pourtant vous avez personnellement pris en main le sort et le deuil des familles des victimes d’une catastrophe aérienne au Mali. C’est tout à votre honneur. A fortiori, un homme politique se doit de monter en première ligne quand les catastrophes humanitaires sont le fait de décisions politiques sur lesquelles il peut intervenir, surtout quand les responsables sont de ses amis ou alliés et qu’ils font partie des Nations unies, sujets aux mêmes devoirs et obligations que les autres Etats. La France n’est-elle pas un membre permanent du Conseil de sécurité ?

Ce ne sont certes pas des Français qui sont directement en cause ici, c’est une certaine idée de la France dont vous êtes comptable, aux yeux de vos compatriotes comme du reste du monde. Et il ne vous échappe pas que faux-fuyants et faux-semblants ont une crédibilité et une durée de vie de plus en plus limitées.

Source Le Monde / Médiapart

dimanche 3 août 2014

Gaza : son chat est désormais sa seule famille

L'image de ce garçon qui a perdu tous les membres de sa famille dans l'offensive terrestre assassine de l'armée "la plus morale du monde", sans-abri dormant à même le sol de l'hôpital As-Shifa avec son chat fait depuis 2 jours le tour de la twittosphère mondiale.


C'est Bilal, un médecin palestinien vivant dans la bande de Gaza, qui a pris et affiché cette photo sur son mur twitter.  Il a tweeté : "Cet enfant a été découvert dormant à même le sol de l'hôpital As-Shifa. Chez lui seul son chat a survécu. # Gaza. "



samedi 2 août 2014

« Israël vise l’annexion de la Cisjordanie et la consolidation du système d’apartheid »

Crédit AFP vendredi 1er août 2014


Entretien avec le Dr Mustapha Barghouti (1). Le climat reste très tendu en Cisjordanie, où un Palestinien de vingt-deux ans a été tué par l’armée israélienne ce vendredi au cours de heurts à Tulkarem. À Hébron, cinq-mille personnes ont manifesté pour réclamer qu’Israël soit traduit devant la justice internationale pour ses crimes de guerre à Gaza. Le secrétaire général de l’Initiative nationale palestinienne parle de soulèvement populaire.
De Ramallah (Palestine), envoyée spéciale

Que change cette nouvelle guerre contre Gaza dans l’esprit des Palestiniens ?

Dr Mustapha Barghouti. Rien ne sera plus comme avant. Israël est en train de commettre à Gaza le pire des crimes humanitaires. Le problème ne se pose pas seulement avec Israël, il se pose avec tous les pays qui se rendent complices de ces crimes. C’est honteux, inacceptable. Les dirigeants du monde devraient venir constater par eux-mêmes qu’Israël a le droit de se défendre, tandis que les Palestiniens ne peuvent exercer ce droit. Ce sont eux, pourtant, qui sont opprimés depuis plus de 70 ans par l’occupation et par un système de ségrégation. Nous assistons aujourd’hui à la fin d’une ère, celle du processus d’Oslo. L’approche des Palestiniens est désormais complètement différente, ils réalisent qu’Israël ne comprend malheureusement que le langage de la force. D’importants efforts seront déployés à l’avenir, pour adopter une nouvelle stratégie unifiée, basée sur la résistance, que nous espérons non violente. Il nous faudra aussi renforcer la campagne en faveur du boycott et des sanctions. Enfin, les Palestiniens doivent impérativement s’unir. Les trois formations qui sont encore à l’extérieur de l’OLP, le Hamas, le Jihad islamique et l’Initiative nationale devront y entrer. La direction palestinienne devra être rajeunie et plus attentive aux besoins de notre peuple. Avec cette agression, Benyamin Netanyahou a tenté de faire voler en éclat nos efforts d’unification. Jusqu’ici, nos divisions lui permettaient d’affirmer qu’aucune force n’était représentative des Palestiniens. La constitution d’un gouvernement d’entente nationale l’a rendu fou. Avec le Hamas, nous avons de profonds désaccords idéologiques. Mais ils sont issus de notre peuple, c’est aux Palestiniens de choisir qui les représente. Ces évènements ne feront en définitive que renforcer le Hamas. Il incarne désormais la résistance, au détriment du Fatah, qui apparaît comme incapable de combattre l’occupation.

Comment expliquez-vous la complaisance qui permet à l’armée et au gouvernement israéliens de violer le droit international, le droit humanitaire, en toute impunité ?

Dr Mustapha Barghouti. Les Israéliens laisseront derrière eux, à Gaza, un désastre. Toutes les infrastructures sont détruites. Les pertes humaines sont au-delà de toute description. Des civils, des femmes, des enfants sont massacrés. Comment l’armée israélienne aurait-elle pu se permettre de bombarder une école de l’ONU où des civils étaient réfugiés, sans la complicité, sans le silence du monde ? Je constate toutefois qu’il y a un abîme entre les peuples, révoltés par ce massacre, et les gouvernements, soumis aux pressions des lobbies pro-israéliens. Selon la propagande israélienne, cette offensive militaire serait dirigée contre le seul Hamas, qualifié d’organisation terroriste. Mais cette agression vise en réalité tous les Palestiniens ! C’est toute la population qui souffre aujourd’hui à Gaza ! Tous ceux qui se taisent devant cette catastrophe devront rendre, un jour, des comptes. Nous exhortons le président Abbas à porter l’affaire devant la justice internationale et je ne doute pas que des démarches en ce sens seront engagées dans les heures qui viennent. Des commissions d’enquête internationales feront, j’en suis sûr, la lumière sur ces crimes de guerre.

Vous parlez d’un soulèvement populaire en Cisjordanie …

Dr Mustapha Barghouti. Ceux qui pensaient que la Cisjordanie resterait calme et silencieuse devant le spectacle du massacre à Gaza se trompaient. La manifestation durement réprimée qui a réuni près de 30 000 personnes à Qalandiya le 24 juillet a marqué un tournant. Mais ce qui se passe aujourd’hui à Gaza révolte le monde entier. Aux antipodes des positions honteuses de certains pays, États-Unis en tête, et du silence des Européens, il y a aussi la réaction de ces huit pays d’Amérique latine qui ont rappelé leurs ambassadeurs en Israël. Quant à la plupart des dirigeants arabes, c’est peu dire qu’ils se sont mal comportés.

Pensez-vous à l’Egypte ?

Dr Mustapha Barghouti.   L’Egypte pose des limites à son implication à cause de ses conflits internes avec les Frères musulmans. Nous disons aux pays arabes que la Palestine ne peut être ni le terrain de règlement de leurs affaires interne, ni l’enjeu de compétitions régionales, au prix du sang.

Cette nouvelle guerre contre Gaza permet-elle au gouvernement israélien de faire oublier la poursuite de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-est ? 

Dr Mustapha Barghouti. Bien sûr. Gaza serait à part, il n’y aurait pas de problème palestinien… En fait, leur jeu vise l’annexion de la Cisjordanie et la consolidation du système d’apartheid. Rappelons que cette guerre a commencé en Cisjordanie, avec l’arrestation de plus de 1000 personnes, avec les actions de punition collective. Les Israéliens poursuivront cette politique tant qu’on les laissera s’affranchir du droit international. À mon avis, le problème ne se résume pas au gouvernement israélien. C’est toute la société israélienne qui a glissé. Un profond racisme s’y exprime désormais ouvertement. Un pays qui accepte qu’un membre de la Knesset appelle en séance à l’assassinat des femmes palestiniennes pour qu’elles ne puissent plus donner naissance à « des serpents »,  un pays qui tolère que l’un de ses scientifiques de renom appelle publiquement à user du viol comme arme de guerre, un pays où l’écrasante majorité de la population s’oppose au cessez-le-feu est, à mon avis, un pays qui a déjà glissé vers le fascisme. 


Mustapha Barghouti(1) Né en 1954 à Jérusalem, Mustapha Barghouti est médecin, formé dans les universités de Moscou, Jérusalem et Stanford. Il est secrétaire général d’Al-Mubadara (Initiative nationale palestinienne, INP), une organisation politique laïque. Il a été ministre de l’information dans le gouvernement palestinien d’union nationale constitué en 2007 après les élections législatives. Il fut aussi, en 2006, candidat à l’élection présidentielle. Il obtint un tiers des voix et se classa en seconde position, derrière le président actuel de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas.


vendredi 1 août 2014

Mani­fes­tation de soutien au peuple palestinien samedi 2 août à 15h00 - Denfert /​ Inva­lides


Pour l’arrêt immédiat des bom­bar­de­ments sur Gaza 
Pour l’arrêt de l’agression israé­lienne en 
Cis­jor­danie et à Jéru­salem 
Pour la levée du blocus, illégal et cri­minel, de Gaza 
Pour des sanc­tions immé­diates contre Israël jusqu’au respect du droit inter­na­tional 
Pour le soutien au peuple pales­tinien et au gou­ver­nement d’entente nationale. 


Samedi 2 août à 15h00

entre Denfert Rochereau et Invalides 


Manifestation de soutien au peuple palestinien

Gaza : Le cri du coeur lancé à Obama par un médecin urgentiste norvégien



« Monsieur Obama, avez-vous un cœur ? Je vous invite à passer une nuit, juste une nuit, avec nous à Shifa. Je suis convaincu, à 100%, que cela changerait l’Histoire ». Mads Gilbert

"Les leaders et chefs d’état de la communauté internationale, comme ceux des Etats-Unis, ou le gouvernement israélien, sont totalement déconnectés du terrain. Des réalités humaines. Ils sont devenus distants, insensibles, « vaccinés » ignorant la souffrance des populations" Mads Gilbert


A Gaza, "Toutes les conventions internationales, toutes les « lois de la guerre » sont bafouées. La première arme de destruction terrible, c’est le siège de la Bande de Gaza", condamne-t-il, en s'insurgeant contre "L’usage totalement disproportionné de la force. Comparez les bilans! Ceux des civils touchés: des centaines et des centaines de mort d’un côté, moins de 4 où 5 de l’autre. Le troisième point illégal c’est qu’il est interdit de bombarder sans discriminations zones civiles et militaires, en prétextant que le Hamas utilise la population comme « bouclier humain ». Ce territoire est si petit que tout est forcément imbriqué. Les israéliens utilisent toujours le même argument pour commettre le pire."
Mads Gilbert


A lire ici une interview du médecin urgentiste Mars Gilbert donnée il y 2 jours.